La tendance à l’autoconsommation énergétique s’affirme. Le virage environnemental vers le tout-électrique – avec des équipements tels que les pompes à chaleur ou les véhicules électriques – accélère, et, si le prix de l’électricité augmente, à l’inverse, le coût des modules photovoltaïques connaît une forte baisse du fait de la surproduction chinoise.
Plus de 200 000 installations ont été raccordées au réseau en 2023, deux fois plus qu’en 2022, et 86 % des Français se disent favorables au développement du photovoltaïque (selon le baromètre « Les Français et les énergies renouvelables » réalisé par OpinionWay pour Qualit’EnR, janvier 2024). Les demandes de devis continuent de progresser et cette vague devrait encore s’amplifier. Si les carnets de commandes sont en berne du fait de la chute de la construction, le photovoltaïque peut devenir un vecteur de croissance. C’est d’autant plus vrai sur le marché des ombrières de parkings et des abris avec borne de recharge. Il est donc aujourd’hui judicieux pour les couvreurs d’intégrer une option de panneaux PV sur leurs devis de toiture, en neuf comme en rénovation.
Voici une synthèse des éléments à connaître avant de lancer cette activité :
Trois solutions esthétiques différentes
Les couvreurs peuvent opter entre trois systèmes pour intégrer l’énergie solaire sur une toiture en pente :
1. La surimposition
Les panneaux solaires standards sont fixés en format portrait ou paysage, sur des systèmes de fixation composés de rails, tenus par des crochets vissés sur les liteaux de la couverture. Cette solution constitue le gros du marché de la rénovation énergétique. L’offre est vaste et l’installation est simple.

Panneaux Flash Dualsun - Entreprise I2o-EnR
2. L’intégration
Des plaques d’intégration fixées sur la charpente (lambourdes et liteaux) assurent l’étanchéité et accueillent les modules PV qui se retrouvent au même niveau que les tuiles. À la clé : une belle esthétique et des solutions conformes aux exigences des architectes des Bâtiments de France (ABF). Les fabricants de tuiles Edilians (qui a racheté les activités d’IRFTS et d’Easyroof) et Terreal (gamme Solterre PV) et divers fabricants de structures d’intégration tel GSE Intégration (In-roof System), proposent cette solution.

Easy Roof Integration kit d'Edilians
3. Les tuiles solaires
Edilians commercialise une gamme grand format (solaire Max et Ardoise Max) et trois modèles spécifiques pour ses tuiles Alpha, Rhôna et HP10 : ces tuiles solaires, de même format que les tuiles terre cuite qu’elles remplacent, assurent l’étanchéité, la couverture et la production énergétique. Koramic propose un kit, Actua, compatible avec 5 modèles de ses tuiles terre cuite. À noter également, la tuile photovoltaïque proposée par le fabricant suisse Sunstyle, qui se pose en losange sur toute la surface de la couverture, ou encore le système Match Tile, de son compatriote Megasol. Intégrée à 100 %, cette dernière solution, la plus esthétique, est adaptée en zone historique.

Tuile solaire Max d'Edilians
Des modules plus performants et plus grands
Une autre donnée importante de l’équation est de vérifier la performance des modules PV. Aux solutions en cellules mono- ou polycristallines standard, il faut à présent ajouter les panneaux à cellules silicium avec technologie PERC dont le rendement monte jusqu’à 21 %, ainsi que des panneaux à cellules HJT mono- ou bifaciales, TOPCon de type N ou IBC (qui génère des rendements supérieurs à 21 %). Ces innovations technologiques augmentent le rendement surfacique des panneaux jusqu’à 230 Wc/m², ce qui réduit le temps d’amortissement, avec des retours sur investissement de 7 à 10 ans pour les installations solaires surimposées, et augmentent leur durabilité, pour des garanties plus longues (30 ans).
Trois démarches préalables nécessaires
Développer une activité photovoltaïque nécessite de décrocher deux qualifications et de souscrire une assurance :
1. L’habilitation électrique BT
Si les tuiles solaires et les modules photovoltaïques sont désormais équipés de micro-onduleurs transformant le courant continu directement en courant alternatif, ce qui simplifie la pose, encore faut-il raccorder l’installation au tableau électrique de la maison via un coffret de protection. Ce branchement nécessite une habilitation électrique BT (pour basse tension). Soit les couvreurs l’obtiennent, soit ils travaillent en tandem avec des électriciens qualifiés. Certains fabricants, tel Edilians, proposent le service branchement électrique avec un partenaire national.
2. La qualification QualiPV
Il faut attester un savoir-faire par une qualification, attribuée par trois organismes, QualitEnR, Qualifelec et Qualibat. Elle se décline en deux modules RGE (QualiPV 36 pour les installations d’une puissance ≤ à 36 kVA et QualiPV 500 pour celles ≤ à 500 kVA) qui permettent aux clients de bénéficier des aides (MPR, CEE, autoconsommation) et un module QualiPV Bâtiment pour les chantiers non RGE. Cela comprend un stage de trois jours (environ 1 300 €), la qualification pour quatre ans et un audit dans les deux ans, pour un coût annuel autour des 125 €.
3. Une assurance spécifique
Enfin, la troisième et dernière obligation consiste à souscrire une assurance en responsabilité civile décennale pour cette nouvelle activité. Les assureurs étant parfois réticents pour la pose de solutions intégrées au bâti, Edilians et le courtier April Construction ont signé un partenariat facilitant son obtention.
Des formations pour dimensionner, poser et vendre
Selon le syndicat de l’énergie solaire Enerplan, la filière compte 10 000 installateurs et aura besoin de 8 000 professionnels supplémentaires d’ici 2025 pour atteindre les objectifs gouvernementaux. Le recrutement est donc le premier enjeu, et l’offre de formation est complète. Proposée par les organismes spécialisés, les fabricants et les distributeurs, elle alterne des stages courts en présentiel et distanciel, associant e-learning et webinaire, pour traiter tous les items nécessaires à une montée en compétences : la pose et la partie électrique, les démarches administratives pour obtenir les autorisations et les aides en rénovation énergétique, mais aussi un accompagnement à la vente et à la communication sur Internet, les réseaux et les véhicules. À noter également, il existe des solutions destinées à la reconversion professionnelle, comme la formation « Bootcamp poseur et électricien PV » de la DualSun Académie, pour devenir installateur photovoltaïque en dix jours.

Centre de formation Terreal/Wienerberger
Des outils pour faciliter la prescription
Enfin, le recours à des logiciels de simulation ne doit pas être négligé pour se lancer dans cette aventure. Ces outils sont nécessaires pour estimer précisément la production photovoltaïque et pour dimensionner tous les composants, qu’il s’agisse des panneaux, des onduleurs ou du câblage. Certains logiciels peuvent également calculer le potentiel solaire d’une toiture à partir de l’adresse ou des spécificités du bâtiment, conseiller une puissance adaptée aux besoins, projeter les économies réalisables, voire, une fois le système installé, visualiser la production PV et estimer le surplus à revendre au réseau. Outre les simulateurs proposés par les fabricants d’équipements, de nombreux logiciels sont disponibles sur le marché, parmi lesquels Archelios Pro, AutoCalSol, PVGIS, PV*Sol, PVsyst, T*Sol ou encore Vertuoza.