L’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), les « Godennette » à Trith Saint Léger, près de Valenciennes, a été pensé par l’équipe de maîtrise d’œuvre de façon à répondre à des problématiques fortes dans ce type d’établissement : « Notre démarche a consisté, explique Jean-Luc Collet, architecte du projet, à répondre à quatre questions. » A savoir : comment proposer aux personnes âgées dépendantes un cadre de vie apaisé et stimulant, où l’architecture intérieure, douce, lumineuse et colorée, va avoir un impact positif sur les procédures médicamenteuses en les allégeant, et préserver une liberté d’usage totale des espaces, notamment pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ? Comment mettre au service de cette architecture intérieure, un ensemble d’équipements techniques simples où la qualité de l’air intérieur (confort olfactif) rivalise avec économie de fonctionnement ? Comment répondre aux risques de canicule à venir, par une démarche naturelle et soucieuse de l’environnement sans utiliser de groupe frigorifique? Et comment atteindre un prix global de prix de journée inférieur aux valeurs actuelles, par un couple investissement fonctionnement maîtrise ?
Simplicité
Cette approche a impliqué des choix techniques originaux. Outre une conception bioclimatique et une enveloppe thermiquement performante – ossature bois préfabriquée d’un seul tenant sur deux étages et mise en place sur une superstructure béton (cf inertie) – , les concepteurs ont optimisé le renouvellement d’air sans nuire à la thermique grâce à un double système : ventilation naturelle activée associée à des puits thermiques et des fenêtres pariétodynamiques : « Le bâtiment est en service depuis un an et les premières analyses nous confirment que le procédé permet d’obtenir, à l’intérieur, une qualité de l’air identique à celle qui se trouve à l’extérieur avec un minimum de déperditions ». Comparé à une ventilation double flux, pour une efficacité équivalente, le système a l’avantage de la simplicité avec une maintenance limitée.

Ventilation douce
Concrètement, en hiver, les menuiseries en aluminium et les puits thermiques, via un vide sanitaire, assurent le préchauffage passif de l’air avant que celui-ci ne pénètre dans les locaux. L’air extérieur acheminé dans les puits thermiques via une
aspiration côté jardin, opposée aux voiries, passe, principe de précaution oblige, par une galerie avec lumière UVc pour le débarrasser d’une éventuelle présence bactérienne. L’extraction de l’air vicié est réalisée dans les locaux sanitaires, via des conduits de ventilation naturelle activée : « L’ensemble des chambres et des locaux* est équipé de cette ventilation douce par déplacement d’air, leurs occupants profitant ainsi d’un air constamment renouvelé. Ce système permet de diluer puis d’éliminer les polluants intérieurs et l’humidité, et de réduire le confinement, source de développement bactérien. Pour les baies vitrées recevant le soleil, le bilan thermique annuel devient positif, explique Jean-Luc Collet ».
En été, la surpression de l’air de renouvellement des puits thermiques, lesquels récupèrent les frigories du sol déphasées par rapport à l’air extérieur, refoule à l’extérieur les calories éventuelles des vitrages, et ce en fonction de l’occultation extérieure des volets roulants ou des stores mécaniques. Des conditions de confort lissées sont ainsi obtenues sans système de rafraîchissement, d’où des économies de fonctionnement : « En été, avec une température extérieure de 32°C, la température intérieure générale, dans tous les locaux, est restée à 23 °C », se félicite l’architecte, une température de confort, été comme hiver dans ce type d’établissement.

* Hors ceux des cuisines dont les hottes sont en flux naturel direct de compensation, indépendant de la salle de restauration.