Dans un contexte économique et politique complexe où le manque de visibilité parasite de nombreuses politiques publique, la FedEPL a choisi de tenir son congrès annuel sur le thème « Soyons efficaces, agissons local ». Son président, Philippe Laurent, n’a pas manqué d’appuyer le fait que les trois mots « entreprises, publiques et locales » sont importants. « Selon le choix des élus, c’est une manière de rendre le service public qui est un des éléments du ciment national de notre pays » a-t-il rappelé en insistant sur le fait que « ce sont des outils souples, adaptables et qui semblent répondre à un besoin d’efficacité de l’action publique que nos concitoyens peuvent ressentir ». Le maire de Sceaux note d’ailleurs que le domaine d’action des EPL, qui était historiquement cantonné aux questions d’aménagement et immobilières, se développe sur la gestion du service public en général. Et bien sûr, de nouveaux domaines où les politiques locales peuvent être menées comme l’énergie, la transition écologique, l’attractivité du territoire, le social comme le vieillissement…
Une nouvelle EPL par semaine
En France, il se crée un peu plus d’une EPL par semaine, ce qui porte leur nombre à 1 442, dont 850 sociétés d’économie mixte (SEM), 50 sociétés d’économie mixte à opération unique (Semop) et 542 sociétés publiques locales (SPL). En 2023, les EPL ont produit un chiffre d’affaires cumulé de 19,36 milliards d’euros et généré une valeur ajoutée estimée à 6,3 milliards d’euros, soit un nouveau record. Le phénomène de filialisation, incarné par les 554 filiales de SEM recensées au 1er juin 2024, portant l’ensemble à près de 2 000 entreprises sous l’égide des collectivités territoriales, a amplifié la dynamique de l’économie mixte locale, qui représente annuellement près de 25 milliards d’euros de chiffre d’affaires au total, note la FedEPL. Une bonne santé qui ne fait pourtant pas le poids à l’équivalent allemand où, selon Philippe Laurent, elles réalisent « un chiffre d’affaires 10 fois, voire 15 fois supérieur aux EPL françaises et la plus grande emploie 10 000 salariés avec un chiffre d’affaires de 9 milliards d’euros ».
La crise, une chance pour les EPL ?
Si l’économie mixte locale est amenée à se développer encore davantage, Philippe Laurent estime toutefois que « ce n’est pas un remède miracle ». « Car, si les collectivités locales, qui sont les actionnaires principaux des EPL, vont mal, il n’y a peu de chance que les EPL aillent bien ». Clairement, le fait qu’elles soient adossées à des collectivités locales dont les moyens sont de plus en plus restreints est un motif d’inquiétude pour la FedEPL. « On est très inquiet de ce qui va nous arriver car aujourd’hui, on a construit nos politiques avec une certaine signature de l’Etat qui s’est fragilisée et affecte nos perspectives d’investissement à long terme » complète Patrice Valton, maire de Larmor-Plage (Morbihan) et président de la FedEPL de Bretagne et des Pays de la Loire, qui s’attend à ce que les plan pluriannuels d’investissement soient impactés ».
Pour les défenseurs de l’économie mixte, ces craintes bien réelles peuvent toutefois rimer avec opportunité car, dans un contexte budgétaire restreint, l’arrivée de capitaux privés peut aussi être une chance. « Le partenariat avec le secteur privé se développe de manière importante » constate Philippe Laurent, qui met en avant les atouts du modèle des EPL face à la délégation de service publique (DSP) où, selon lui, « on perd le contact avec les usagers et on peut finir par perdre le contrôle car on n’a plus l’expertise technique au sein de la collectivité ».
Des adversaires puissants
La fédération s’inquiète également de voir le modèle des EPL mal compris. « Les EPL ont beaucoup d’amis, mais elles au aussi quelques adversaires puissants » reconnaît Philippe Laurent. Dans le passé, il y a eu les Chambres régionales des comptes, mais il semblerait que la situation s’améliore après « un gros travail de pédagogie des fédérations régionales ». « Il y a aussi une grosse incompréhension et une certaine méfiance vis-à-vis de notre modèle chez de nombreux parlementaires, de quelques élus locaux et de certaines administrations centrales, Bercy en particulier où il y a une forme d’hostilité, mais aussi au ministère de l’Intérieur, de la Direction générale des collectivités locales » assure Philippe Laurent.
Cinq initiatives locales récompensées
Le jury indépendant présidé par Sophie Errante, députée de Loire-Atlantique, a désigné, ce mercredi 9 octobre, les lauréats de l’édition 2024 des trophées des EPL dans quatre catégories.
Attractivité des territoires : Société du marché d’intérêt national de Montpellier, Somimon–Mercadis, pour l’extension du pôle de transformation alimentaire du MIN de Montpellier, projet majeur pour la transition écologique et solidaire et la lutte contre la précarité alimentaire.
Bâtiment durable : Centre-Val de Loire Energies pour sa mission de promotion envers les rénovations énergétiques dans la région Centre-Val de Loire, ciblant les propriétaires et les copropriétés.
Services au public : Loire Océan Développement pour la construction des maisons de santé pluriprofessionnelles de Bellevue et Nantes Nord qui regroupent une vingtaine de professionnels. L’innovation et la grande force du projet est de trouver dans un seul lieu, au cœur de ce quartier d’habitat social, tout ce qui est nécessaire pour prendre soin de sa santé.
Ville de demain - ville intelligente : SPL Chartres Aménagement pour le pôle gare, un projet qui vise à la fois à faciliter les déplacements modaux, à dynamiser l’attractivité économique du quartier, à doter le territoire d’un équipement culturel et sportif (le Colisée) et à construire un nouveau quartier autour des projets immobiliers.
La SPL Nautisme Mer Développement Port-Saint-Louis-Provence a obtenu, quant à elle, le coup de cœur du jury, mettant à l’honneur le parc intergénérationnel bordant la panne catamaran.