Alors que le secteur du génie climatique doit innover pour relever les défis de la transition énergétique et écologique, le Centre technique des industries aérauliques et thermiques (Cetiat) accompagne les différents acteurs en poursuivant ses activités de recherche. En juin dernier, il signait d’ailleurs, dans ses locaux à Villeurbanne (Rhône), son nouveau Contrat d’objectifs et de performances (COP) pour la période 2024 – 2027.
« Notre rôle, grâce aux actions collectives, est de dérisquer les solutions technologiques que les industriels vont mettre sur le marché », appuie Pierre Claudel, directeur général. Porté avec les pouvoirs publics (l’état finançant 35 % des 14,4 M€ du chiffre d’affaires) et Uniclima, ce contrat est associé à la mise en œuvre de projets innovants.
Décarboner
Il se décline selon trois axes. Le premier concerne la decarbonation qui consomme 30% du budget de R&D àconsacrer au développement de solutions thermiques et aérauliques (composants, produits, systèmes) sobres en énergie.
« L’un de nos principaux projets, débuté il y a un an avec l’Association française des pompes à chaleur (Afpac), sera d’apporter des solutions pour faciliter l’installation des pompes à chaleur en logement collectif », indique Pierre Claudel. Le Cetiat s'attache à prendre en compte les contraintes d’intégration et les problématiques acoustiques, tant en neuf qu’en rénovation. Ainsi que les performances thermiques et énergétiques, valorisées dans les logiciels de calcul de la RE2020. Les préconisations en la matière doivent être remises à la fin 2026.
Le centre technique, qui conçoit des prototypes de PAC, verra d’ailleurs s’achever un projet d’optimisation des fluides frigorigènes a bas pouvoir de réchauffement planétaire (PRP), pour le résidentiel individuel, les logements collectifs et l’industrie. « Nous étudions plus particulièrement des réfrigérants au propane, le R290, dont il faut réduire la quantité à cause de son inflammabilité. Nous travaillons sur de nouveaux types de compresseur, dont l’un, issu du monde automobile, montre des résultats prometteurs », confie-t-il. « Les fluides au CO2 seront aussi à l'étude », poursuit-il. Les préconisations issues de la réalisation de quatre prototypes seront remises fin 2025.

Prototype d'une PAC innovante. © Cetiat
La décarbonation inclut aussi un nouveau thème demandé par la profession : l’économie circulaire. Au regard du manque de déclarations environnementales de produit (PEP) dans la base Inies, ce sujet pourrait être un véritable accélérateur pour répondre aux modèles de calculs de la RE2020. La préfiguration de la feuille de route de la profession doit être remise en décembre 2024.
Assurer le confort
Le second axe de recherche du contrat d’objectifs et de performance adresse les thèmes du confort et de la santé, pour lesquel 20% du budget de la R&D sera alloué. Le Cetiat vise ainsi le début 2025 pour remettre ses préconisations relative à la bonne installation des épurateurs d’airs autonome. « Ces équipements, qui ont eu le vent en poupe post-covid, abattent les polluants d’une pièce. Encore faut-il les installer correctement pour assurer leurs performances au-delà de celles intrinsèques à la machine », problématise Laure Mouradian, directrice des actions collectives et innovations.
Six épurateurs sont testés grandeur nature et seront essayés dans des salles de classe. Les taux d’abattement finaux des particules et le temps pour atteindre ces résultats seront analysés, afin de donner des recommandations transversales à la filière.
« Les épurateurs ne restent qu’un complément à la ventilation », prévient toutefois Laure Mouradian. C’est pourquoi le Cetiat travaille en parallèle à un projet sur la gestion intelligente de la ventilation. « L’objectif reste toujours d’assurer la santé des occupants tout en minimisant les consommations d’énergie », souligne-t-elle. Pour cela, le centre étudie les indicateurs qui permettent de définir un intérieur sain (température, humidité, particules, composés organiques volatils, concentration en CO2, etc.) vis-à-vis du contexte réglementaire, qui doit d’ailleurs faire l’objet d’un arrêté au mois de janvier prochain.
Ce projet visera aussi à étudier les capteurs, tant sur la justesse de leur mesure que sur leur capacité à assurer leur fonction dans le temps. « Au vu du manque d’encadrements sur le sujet, et de la sensibilité des capteurs à l’humidité, nous avons conçu un banc d’essai spécifique », illustre la directrice.

Le Cetiat a conçu son propre banc d'essai pour tester des capteurs © AL
Après les épurateurs et les systèmes de ventilation, le Cetiat rendra aussi ses conclusions d’ici la fin d’année sur le comportement acoustique des centrales de traitement d’air.

Mesure de l'acoustique d'une centrale de traitement d'air dans une chambre isolée du Cetiat © A.L.
Mesurer
Dans le même temps, le Cetiat poursuit ses recherches sur la métrologie de l’énergie, une activité qui recevra 8% du budget de la R&D. Les ingénieurs du centre ont mis en place un laboratoire d’étalonnage pour mesurer l’humidité dans les solides, un sujet important pour la combustion de la biomasse.

Banc de mesure d'humidité dans les solides par méthode diélectrique © Cetiat
Derrière chaque innovation, des outils numériques sont employés, et 17% du budget est alloué à leur développement. « En plus des modélisations, nous espérons d’ici 2027 pour être capables de produire des jumeaux numériques », projette Pierre Claudel. Ces outils digitaux devront faciliter l’évolution des technologies thermodynamiques et permettre la maintenance prédictive.

Simulation numérique de la vitesse d'air dans une salle de réunion équipé d'un épurateurs d'air autonomes. © Cetiat