Quel est l'objectif de ces évaluations ?
Certains fournisseurs ne rencontrent jamais les prescripteurs de la collectivité avec lesquels ils travaillent. Notre but est de mettre ces acteurs ainsi que les personnels de la direction de la commande publique autour d'une table, pour mieux se connaître, et faire de la coévolution vers une relation fournisseurs plus pérenne.
Pour quels marchés envisagez-vous de mettre en place ce dispositif ?
Le département compte environ 1 900 fournisseurs, il n'est pas possible de le faire pour chacun. Une évaluation sera réalisée à chaque date anniversaire de marché pour nos 50 fournisseurs stratégiques - ceux qui représentent les plus grosses dépenses. Les entreprises de travaux y sont majoritaires. En sus, des évaluations seront menées pour les fournisseurs avec lesquels nous identifierons des problèmes récurrents.
Comment se déroule l'évaluation ?
En deux temps. Tout d'abord, l'évaluation fournisseurs consiste à interroger la direction opérationnelle et la direction de la commande publique sur un certain nombre d'items : la qualité globale de la prestation réalisée, celle des livrables fournis par le prestataire, le respect des délais contractuels, l'efficacité des prestations et enfin la relation avec le prestataire, c'est-à-dire sa disponibilité, sa réactivité, etc.
Quid ensuite de l'évaluation inversée ?
On questionne cette fois le fournisseur, en présence des deux directions précitées, sur cinq sujets : la relation globale avec le client, la qualité de la communication, la qualité globale de la prestation (c'est-à-dire ce qui permet à l'entreprise de faciliter la réalisation de ses tâches), le respect des délais contractuels (concernant, par exemple, l'émission des bons de commande) et, enfin, l'efficience (disponibilité des agents, accompagnement…). Cette démarche est assez inédite dans le secteur public.
La première expérience, menée le 18 avril, a-t-elle été concluante ?
Elle s'est très bien passée. Elle concernait un fournisseur de services. Il s'est rendu compte que nous étions à son écoute et que cela pouvait créer de la confiance. Il a osé formuler des critiques sur les délais de paiement. Cela donnera lieu à la mise en place d'un plan de progrès - sans cela, l'évaluation n'a guère de sens. Cette pratique peut aussi améliorer notre attractivité, grâce à la prise en compte des remarques de nos interlocuteurs. Elle nous permet aussi de voir comment les fournisseurs nous positionnent : comme un client stratégique, ou pas…
Ce travail ne se fait pas à effectifs constants…
En effet, nous avons créé en début d'année un bureau de l'exécution, de l'évaluation et du contrôle interne au sein de ma direction. Avec trois créations de postes : une cheffe de bureau et deux manageuses de contrats, qui se consacrent entièrement à ces missions. L'idée est que, face à des fournisseurs puissants et très outillés pour surmonter des problèmes d'exécution, nous devons disposer d'agents spécialisés et ne plus laisser nos prescripteurs gérer seuls. Les contrôles de la Cour des comptes ou encore de l'Agence française anticorruption poussent à agir en ce sens.
Récemment, la chambre régionale des comptes d'Ile-de-France a ainsi recommandé à une SEM de « mettre en place un processus formalisé de suivi des marchés, du début de l'exécution à la réception ».