Lafarge a inauguré, le 20 septembre, le parc éolien qui alimentera en électricité sa cimenterie de Tétouan, au nord du Maroc : une première mondiale. Hautes de 44 m et d’une puissance de 850 kW chacune, soit au total 10 MW, les 12 éoliennes sont implantées sur la crête d’une colline qui surplombe l’usine de production de ciment en activité depuis deux ans. Le site est particulièrement venté : la vitesse moyenne du vent y dépasse 9 m/s, alors qu’une vitesse de 7 à 8 m/s est déjà considérée comme un fort potentiel pour réaliser un parc éolien.
Efficacité économiqueet environnementale. « Ce projet s’inscrit dans la démarche de développement durable engagée par le groupe Lafarge depuis de nombreuses années », rappelle Michel Picard, directeur environnement du groupe. Il satisfait en effet une double exigence d’efficacité économique, en diminuant le coût de l’énergie consommée, et de performance environnementale, en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Le poste consommation électrique atteint généralement 20 % du coût de production du ciment. Et, au Maroc, l’électricité est principalement produite par des centrales thermiques. Les 38 GWh produits chaque année par le parc éolien couvriront 50 % des besoins électriques de l’usine, évitant le rejet de 30 000 t de gaz à effet de serre qui auraient été émis par la centrale thermique.
Un accord de partenariat conclu avec l’Office national d’électricité (ONE) permet à Lafarge de revendre à cet organisme la part d’électricité produite qui excédera les besoins de l’usine, par exemple pendant l’arrêt annuel pour la maintenance des installations. A l’inverse, en période de faible vent, l’ONE fournira le complément nécessaire.
Le parc, réalisé par la Compagnie du Vent, représente un investissement de 10 millions d’euros qui devrait être amorti en quinze ans. Les mesures réalisées lors des études de faisabilité ont estimé le potentiel éolien du site à plus de 30 MW. Mais la limite réglementaire autorisée pour les parcs privés étant de 10 MW, Lafarge devra se contenter de ses 12 aérogénérateurs. Jean-Marie Schmitz, directeur général de Lafarge Maroc, espère bien voir cette limite relevée par le gouvernement marocain pour exploiter pleinement l’énergie éolienne du site.
En attendant, le parc éolien a été enregistré officiellement le 23 septembre comme projet MDP (mécanisme de développement propre) dans le cadre du protocole de Kyoto de 1997 qui fixe aux pays industrialisés des objectifs chiffrés de limitation des émissions de gaz à effet de serre. Il apportera à Lafarge des crédits carbone.
