Au revoir le Sfic, bonjour France Ciment ! Le désormais ex-Syndicat français de l’Industrie Cimentière a dévoilé jeudi 25 mai sa nouvelle identité et sa nouvelle feuille de route pour répondre aux grands enjeux de décarbonation et de souveraineté industrielle.
Cette feuille de route, qui fixe le cap 2023-2050 pour une industrie française du ciment décarbonée et compétitive, propose un scénario ambitieux de réduction de 50 % des émissions de CO2 de la filière dès 2030. Il repose sur deux piliers - d’une part l’accélération des solutions de décarbonation des process déjà existantes et d’autre part le déploiement des solutions de captage du carbone inhérent à la fabrication du ciment - et sur des investissements massifs : plus de 5 milliards d’euros cumulés jusqu’en 2040.
Décarboner les process
1,7 Mds € sont envisagés pour accélérer la décarbonation des process via les leviers déjà existants : l'amélioration de l’efficacité énergétique des process, le recours à des combustibles alternatifs en valorisant les déchets non recyclables des collectivités et industries voisines (1 Mt de déchets par an dès aujourd'hui, plus de 1,5 Mt en 2030), et enfin abaisser la teneur en clinker des ciments en produisant des substituts (argile calcinée, etc.).
Ainsi la filière ambitionne de faire passer la part des déchets dans les combustibles à 80 % dès 2030 (vs. 44 % en 2021) et la part de clinker dans les ciments à 68 % en 2030 puis 62 % en 2050 (vs. 75 % en 2021). Ce qui aurait pour conséquence de réduire les émissions pour une tonne de ciment de 27 % dès 2030.
Capter le CO2
2 à 4 Mds € sont d'autre part prévus pour l’ensemble de l’industrie cimentière française, afin de déployer le captage du carbone inhérent à la fabrication du ciment d’ici 2040.
Pour s’attaquer aux émissions de CO2 inhérentes à la fabrication du clinker (2/3 des 10 Mt émises chaque année par le secteur), « le déploiement des technologies de captage, stockage et valorisation du CO2 (CCS et CCU) sont incontournables », estime France Ciment qui fixe comme objectif le captage de 2,4 Mt de CO2 par an dès 2030 et de 5,8 Mt en 2050.
Cela permettrait selon France Ciment une réduction de 23 % des émissions pour une tonne de ciment dès 2030 et d'atteindre la quasi-neutralité carbone en 2050.
Pour cela, la filière demande aux pouvoirs publics de permettre, outre des possibilités de financement, une stabilisation du cadre réglementaire et le développement des infrastructures, la sécurisation d’un accès à une énergie électrique décarbonée et compétitive.
En effet, le déploiement des technologies de captage de CO2 implique un doublement des besoins en électricité pour les sites cimentiers. A noter que pour répondre à ces besoins croissants, la filière étudie les possibilités de mobilisation du foncier de ses carrières d’extraction pour développer des projets de production d’énergies renouvelables.