Cigeo : l’Andra met à l’essai un pont de stockage et des robots de surveillance

Après une campagne d’essais de près d’un an, l’Andra a validé le concept de pont stockeur destiné à Cigeo ainsi qu’une flottille de robots de surveillance et d’intervention mise au point par Bouygues Construction Expertises Nucléaires.

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Lorsqu'il est en charge, le pont stockeur de 25 t se déplace à une vitesse de 10 m/mn.

L’Andra, agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs, vient d’achever les essais d’un démonstrateur du pont stockeur destiné au centre de stockage géologique Cigeo. « Le concept est validé », se réjouit Yves Lorillon, ingénieur à l’agence. L’outil servira au stockage des déchets de moyenne activité à vie longue (MA-VL), composés des assemblages métalliques qui entourent le combustible nucléaire et qui sont ensuite cisaillés et emballés dans des colis en béton cubiques ou cylindriques. A terme, 73 000 m3 de ces déchets, dont la moitié sont déjà produits, seront stockés dans Cigeo, le reste consistant en 10 000 m3 de déchets de haute activité.

Démonstrateur à l’échelle 1

Les colis seront descendus à 500 m de profondeur par un funiculaire dont un prototype a été construit et testé par Poma en Haute-Marne. Une fois au cœur du site, ils seront empilés sur trois rangées et autant de niveaux dans une vingtaine d’alvéoles. C’est la mission du pont stockeur testé ces derniers mois sur un ancien site industriel du Creusot. Construit à l’échelle 1, il évolue sur des rails dans une structure de 5 m de large, 7 m de haut et 40 m de long – une distance bien inférieure aux 500 m de chaque galerie dans le futur Cigeo mais suffisante pour atteindre la vitesse nominale en charge de l’outil.

Précision à 5 mm près

L’objectif était de vérifier que le pont stockeur répondait bien aux attentes en mode nominal, mais aussi en conditions dégradées. La précision du positionnement des colis était cruciale avec une marge imposée de plus ou moins 10 mm. Banco : « nous avons fait deux fois mieux avec +/- 5 mm », sourit Yves Lorillon. « C’est la rigidité de ce pont et son instrumentation par des lasers, des capteurs et des codeurs qui permettent de maîtriser son mouvement et de poser le colis avec une telle précision », indique Bruno Lahellec, responsable technique chez Reel NFM Systems, qui a assuré la conception, la réalisation et les essais de l’outil. La campagne a également permis de valider le fonctionnement du pont sur des rails déformés, décalés ou pas tout à fait parallèles et de garantir son rapatriement hors de la galerie s’ils vient à tomber en panne ou si ses freins se bloquent.

11 robots pour surveiller et intervenir

Car il n’est pas question de faire intervenir des personnes dans la galerie de stockage, celles-ci restant à distance derrière un écran de protection radiologique. Et si les rails se desserrent ? Si un objet bloque l’avancement du pont ? Pour parer à ces éventualités mais aussi pour assurer la surveillance des colis pendant la période de remplissage de Cigeo, l’Andra a demandé à Bouygues Construction Expertises nucléaires de mettre au point des robots téléopérés. Au total, onze outils ont été conçus par l’entreprise. Tous opèrent depuis les rails, où ils sont déplacés et alimentés en énergie par un chariot automoteur.

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Conçu par Bouygues Construction Expertises nucléaires, l'outil-rideau se glisse dans l'espace de 10 cm compris entre deux colis pour l'inspecter. Conçu par Bouygues Construction Expertises nucléaires, l'outil-rideau se glisse dans l'espace de 10 cm compris entre deux colis pour l'inspecter.

Caméras, lasers, capteurs…

Le plus complexe est l’outil-rideau : « il est capable de passer du rail au toit du colis le plus haut puis de descendre dans l’espace de 10 cm compris entre deux colis pour l’inspecter », explique Adrien Payan, responsable du projet au sein de la filiale de Bouygues. Les trois outils d’inspection sont équipés de caméras, de lasers, de capteurs de température et de débit de dose ou encore d’un microphone – « des craquements, des sifflements peuvent caractériser quelque chose, une fuite, par exemple », explique Yves Lorillon.

Trois brevets déposés

D’autres robots peuvent intervenir sur des désordres bénins. « Le but est d’arriver à entretenir les rails pendant cent ans, rappelle Adrien Payan. Ces outils peuvent récupérer des débris sur les rails, réparer l’un d’eux ou arriver à gérer une marche entre deux rails en les ponçant pour créer une pente afin de laisser passer le pont ». Si tous les outils comportent des modes dégradés pour être récupérés en cas de panne, les équipes de Bouygues ont également conçu un chariot de secours. Ces travaux ont permis à l’Andra de déposer trois brevets tandis que trois autres sont en cours d’instruction.

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