Cinq essences de bois différentes ont été utilisées pour l'Ecole nationale supérieure du génie des systèmes industriels, à Nancy. Pour deux d'entre elles particulièrement dures - 3 m3 de merbau pour l'amphithéâtre et 4 m3 d'iroko pour les terrasses qui couvrent le bâtiment -, des scies au carbure ont été nécessaires. Patrick Venturini, directeur de la menuiserie qui porte son nom, en témoigne : « Nous avons trouvé des poches de silice à l'intérieur des planches avivées en iroko. »
Dans ce matériau corrosif, la réalisation de crantages antidérapants, sur les marches et en nez de dalle, a imposé d'incessants réaffutages des molettes. Pour réaliser les escaliers de l'amphithéâtre, la dureté du merbau a contraint l'entreprise à lambourder les marches à l'aide d'une essence plus tendre : le sapelli. Devant l'impossibilité de visser directement sur l'iroko, le menuisier l'a prépercé sur place avant de le clouer sur les lambourdes accrochées à l'ossature métallique de l'escalier.
Des odeurs poivrées
Les 6 m3 d'huisseries en moabi - un bois choisi pour le glacis parfait de sa surface - soulèvent d'autres contraintes : « Malgré les masques, son odeur poivrée provoque des picotements et des éternuements », indique Patrick Venturini. La mise en oeuvre des huisseries s'est surtout caractérisée par une coordination atypique du second oeuvre : pour éviter tout dommage en aval, le menuisier a emboîté ses produits finis en moabi vernis dans les trous laissés par le plâtrier. La prévention d'éventuels dommages sur le bois fraîchement couvert de 1 500 l de vernis a également contraint le maître d'ouvrage à chauffer le bâtiment, à la fin décembre 1996, pendant le chantier de menuiserie.
Les liaisons entre portes ont nécessité une adaptation au système constructif du gros oeuvre : « Le banchage automatique des murs entraîne un certain biais. Aux plâtriers et aux menuisiers de rattraper les angles droits », explique Paul Morand, architecte. L'exercice se révèle d'autant plus complexe que les liaisons entre portes comprennent des baguettes collées au mur et des couvertures destinées à dissimuler les gaines de transport des fluides. Cet exemple illustre une particularité de ce chantier : alors que ce matériau permet d'offrir une large part à la préfabrication, les menuiseries de cet ouvrage ont été adaptées sur place. « Le souci du détail, manifesté par les concepteurs, nous a conduit à multiplier les usinages sur place », souligne Patrick Venturini.
Le montant des travaux, qui ont duré un an, s'élève à 20 millions de francs TTC pour une surface de 3 100 m2.
FICHE TECHNIQUE
Maître d'ouvrage : communauté urbaine du Grand Nancy.
Maître d'ouvrage délégué : Société lorraine d'économie mixte.
Architectes : Laurent Beaudouin (mandataire), Paul Maurand, Dominique Henriet, Lucien Colin.
Bureaux d'études : Inex (fluides), Ceat (électricité), Wininger (structures).
Pilotage et coordination : Becsi.
Gros oeuvre : Pertuy.
Menuiserie : Venturini.
SCHEMA : MARCHES D'ESCALIERS EXTERIEURS La terrasse et les marches d'escaliers extérieurs qui sont en iroko ont été en grande partie usinées sur place.