« Ce n’est pas le chantier du siècle mais le chantier des deux siècles à venir », souligne Johann Leost, directeur du site de Lille de l’école d’ingénieurs Icam (Institut Catholique d’Arts et Métiers) créée en 1898. Lors de la visite du chantier, ce 10 janvier 2024, le soleil qui illumine la froide matinée met en valeur les façades déjà restaurées des bâtiments en brique plus que centenaires et les effets de miroirs des parties vitrées ajoutées.
« Nous avons voulu mettre en valeur la qualité architecturale historique des bâtiments en brique en utilisant sur les parties en extension un verre un peu miroir donnant des effets de reflet étonnant », souligne Isabelle Menu, architecte de l’agence Saison-Menu & Associés Architectes Urbanistes ayant imaginé la métamorphose du site dont le PC : « n’a pas eu à déplorer de recours. »
Conception-réalisation avec Rabot Dutilleul
Les 29,3 millions d’euros HT de travaux sont réalisés via un marché de conception-réalisation dont l’entreprise Rabot Dutilleul Construction est le mandataire. L’équipe comprend aussi Juxta Architectes, les bureau d’études Moduo et Kiétudes et Slap paysage. Le projet comporte une composante végétalisation importante avec notamment la création d’un mail piéton paysagé et une débitumisation des parking pour créer des espaces verts.
« Un gros travail de décaissement a aussi été réalisé pour mettre en valeur l’entresol, passé de repoussoir à lieu majeur du campus », note Isabelle Menu. L’entrée du site de la rue Aubert sera par ailleurs mise en valeur par un petit parvis.
Site occupé
Le programme en deux phases comprend 19 300 m2 de surface de plancher (SP) réhabilités et 2 700 m2 SP de construction neuve, le tout réalisé en site occupé. « Nous allons réaliser 40 000 heures de gros œuvre et 100 000 heures en corps d’état secondaire. Nous avons scindé les travaux en 18 lots réalisés par 53 sous-traitants », détaille Jérémy Sohet qui pilote le chantier pour Rabot Dutilleul. Quelque 10 000 m2 de façades seront réhabilités à l’issu du chantier qui doit se terminer dans un an.
Bâtiment hybride
Réceptionnée à l’été 2023, la première phase des travaux, celle qui se situe du l’arrière du campus, a notamment permis de livrer un premier bâtiment neuf aux usages hybrides. Le bâtiment de 30 m sur 20 m, réalisé à l’aide de panneaux de béton préfabriqués de 9 m de haut, sert en effet à la fois de salle de sport, de spectacle mais aussi d’examen. « L’équipement qui peut accueillir 580 personnes debout est très apprécié, il présente notamment une excellente acoustique », se félicite le directeur du site.
Cette première phase a permis aussi de construire un des éléments signal du programme qu’est la passerelle vitrée qui relie le bâtiment Lacouture au bâtiment Saint-Eloi qui accueille 14 salles de travaux pratiques. « Cette passerelle en ossature bois est équipée d’un plancher chauffant et d’un puits canadien qui permettra d’assurer son rafraîchissement en été », détaille Jérémy Sohet.
Sur la partie avant, la deuxième phase des travaux a déjà démarré. Le bâtiment Lesaffre est curé et la structure en bois pour créer une rue intérieur est en cours de pose.
1,5 ha vendu
Pour financer en partie ce projet « des deux siècles à venir » à 36 millions d’euros au total, Nacarat a racheté pour 11 millions d’euros la moitié des 3 ha d’emprise au sol de l’école. Le promoteur prévoit sur ces 1,5 ha un programme multigénérationnel. « Nous avons aussi reçu 20 millions d’euros d’aides de l’Europe. Le reste est financé par la Fondation Féron-Vrau », détaille Johann Leost.
L’ingénieur Icam conclut : « Le fait de resserrer le campus sur une surface plus réduite mais de meilleure qualité va permettre de faire baisser les coûts de fonctionnement mais aussi de favoriser le travail en équipe et les collaborations pédagogiques entre les différents secteurs, qui auparavant avaient chacun leur étage. »
