Deux jours. Il n’en aura pas fallu plus à la société Eaux de France pour installer sur le terrain de cette maison traditionnelle du Chablais un équipement de récupération, destiné à tous les usages possibles de l’eau de pluie en dehors de l’alimentaire.
« Réalisation remarquable pour un propriétaire ennemi du chlore… », résume François Mathon, responsable de l’entreprise dans la région Rhône-Alpes. Au cœur de l’installation, Eaux de France a placé deux cuves cylindriques juxtaposées et enterrées de 10 m3 (5,5 t chacune). « Nous avons fait le choix du béton vibré à maillage métallique noyé dans la masse. Par rapport au polyéthylène ou à l’acier, ce matériau offre l’avantage de neutraliser l’acidité naturelle de l’eau de pluie. C’est mieux pour les pompes et les tuyaux, qui ne risquent pas d’être rongés », argumente François Mathon. Creusée en une demi-journée au moyen d’une pelle mécanique, la fosse mesure 6 x 3 m sur 3,25 m de profondeur.
Elimination des particules de plus de cinq microns en amont
Avant d’y être stockée, à la température de 15 °C environ, l’eau de pluie qui est récupérée en sortie de gouttière subit une préfiltration éliminant toutes les particules mesurant plus de 5 microns. En aval, après la pompe, une cartouche assure un second filtrage, à 1 micron. « C’est ce qui permet l’utilisation de cette eau pour la douche, le bain et la vaisselle, conformément à la volonté de ce client », précise le fournisseur. Pour les usages intérieurs limités aux WC et au lavage du linge (ceux prévus par la nouvelle réglementation), Eaux de France se contente d’un filtrage moins sévère, de 80 microns en amont et de 20 microns en aval. Dans tous les cas, le filtre aval est intégré au groupe de surpression qui comprend la pompe ainsi que l’automate de commande et l’alimentation en eau de ville. Une pompe de relevage peut compléter le dispositif, mais seulement lorsque la distance entre le groupe et la cuve dépasse 15 mètres. Les cuves sont par ailleurs dotées d’un clapet antiretour et d’une canalisation de trop-plein protégée contre l’entrée des petits animaux.
Un coût de 9 500 euros amorti en sept à huit ans
D’un coût de 9 500 euros environ TTC, l’ensemble du système devrait être amorti en sept à huit ans. « Le temps de retour est plus court lorsque le client fait jouer le crédit d’impôt de 25 %. Mais ce n’était pas l’option de départ », indique François Mathon.
Une situation d’ailleurs plus courante qu’on ne l’imagine au regard des efforts déployés par le lobby de l’eau pluviale pour élargir et renforcer cette mesure fiscale. « En pratique, 15 à 20 % des clients préfèrent renoncer à cet avantage parce que le plus important pour eux est de pouvoir mener leur projet comme ils l’entendent, en ayant le moins de comptes à rendre à l’administration. »