Nom de code : Cap Décarbonation. Ou comment réduire d’environ 1,5 million de tonnes, soit 10 %, les émissions de CO2 annuelles de l’industrie du bassin industriel de Dunkerque.
Pour porter cette ambition collective d’un investissement global de 530 millions d’euros, cofinancé par l’Union européenne, pas moins de cinq partenaires sont réunis. C’est ainsi, d’une même voix, que Eqiom, Lhoist, RTE, Air Liquide mais aussi Dunkerque LNG dévoileront les détails de Cap Décarbonation lors d’une concertation préalable du 22 mai au 21 juillet 2023.
Programme pionnier en France
« De par son ampleur et la chaîne qu’il forme, Cap Décarbonation représente un programme pionnier en France », assure Nicolas Droin, DG d’Air Liquide.
Concrètement, il repose sur trois projets complémentaires. En premier lieu, il s’agit de capter le CO2 de deux sites industriels pas-de-calaisiens : la cimenterie d’Eqiom à Lumbres et l’usine de Lhoist à Rety (Chaux et Dolomies du Boulonnais) génératrices d’importantes quantités de CO2. « Environ un tiers de ces émissions, lié à la combustion de matières carbonées pour produire la chaleur nécessaire à la cuisson du calcaire est évitable. Les deux autres tiers sont inévitables car liés à la réaction chimique qui est à la base de la formation du clinker, principal constituant du ciment, et de la chaux : la décarbonation du calcaire », expliquent les porteurs du projet.
A Lumbres, Eqiom pilote le programme K6. La phase 1 prévoit le remplacement des deux fours existants par un unique four, plus performant. De quoi viser une meilleure efficacité énergétique et pousser le remplacement de combustibles fossiles par des sources alternatives. En complément, la phase 2 porte sur le captage des émissions incompressibles du CO2.
A Rety, le projet CalCC s’inscrit lui aussi dans une aspiration forte. « Faire de Rety la première usine à chaux décarbonée au monde », promet Jacques Chanteclair, vice-président Europe du sud de Lhoist. Outre l’augmentation progressive de la part de biomasse et des énergies renouvelables pour la production de chaleur, le captage du CO2 se pose comme la dernière brique de la transformation du site pour produire de la chaux bas carbone.
A la manœuvre du captage du CO2, Air Liquide déploiera son procédé Cryocap.RTE viendra en appui pour la création de nouveaux raccordements électriques pour les besoins des unités de captage.
Charge ensuite au spécialiste mondial des gaz de construire un réseau de canalisations souterraines d’une centaine de kilomètres pour transporter le CO2 liquide vers un nouveau terminal de CO2 à construire sur le site de Dunkerque LNG. L’infrastructure baptisée D’Artagnan, représente le troisième maillon essentiel d’une chaîne globale « et un facteur de compétitivité et d’attractivité pour le territoire » selon Olivier Heurtin, président de Dunkerque LNG. Car l’objectif final est bien de neutraliser ce CO2 via son acheminement maritime vers des sites de séquestration en mer du nord. Ce dioxyde de carbone, gaz à effet de serre, non rejeté dans l’atmosphère, ne participe donc pas au changement climatique.
Mais, avant cela, place à cette période de concertation préalable. Suivra ensuite une phase de procédures d’autorisations (dont enquêtes publiques) et une décision d’investissement des partenaires attendue fin 2024. A l’issue de trois ans de travaux, les captages et prise en charge des premières tonnes de CO2 sont attendus fin 2028.

Pour aller plus loin et participer à la concertation, rendez-vous sur cap-decarbonation.fr.