Les fortes chaleurs ont amené la SNCF à supprimer certains trains Intercités sur les lignes Clermont-Ferrand-Paris, Bordeaux-Marseille et Paris-Orléans-Limoges-Toulouse. Le but : « prévenir les pannes potentielles de climatisation liées aux très hautes températures » sur des trains Corail âgés d’une cinquantaine d’années, indique l’entreprise. « En accord avec la SNCF, nous n’avons pas voulu prendre le risque de mettre à mal le matériel et de laisser en cas de problème 4 à 5 heures des voyageurs à l’arrêt sans climatisation », a déclaré sur RMC le ministre des Transports Philippe Tabarot qui relativise ces suppressions : au total, elles touchent une vingtaine de trains sur les 15 000 qui sillonnent la France chaque jour.
Empêcher la déformation des voies
Si le matériel roulant n’est pas toujours à l’épreuve de la canicule, les infrastructures elles-mêmes peuvent être touchées, à commencer par les rails. « Si la température extérieure est de 37°C, celle du rail peut dépasser les 55°C », indique la SNCF sur son site. La combinaison du rail avec les traverses et le ballast l’empêche de se dilater, mais elle crée la possibilité d'une déformation de la voie. La température des rails est donc particulièrement surveillée, soit par un logiciel dédié capable de déterminer la température d’une voie sur 13 jours, soit par des sondes installées sur les voies. Lorsqu’un risque de déformation est détecté, la vitesse des trains est ralentie.
Protéger les caténaires
Le ralentissement s’impose également lorsque la chaleur dilate les caténaires qui se détendent et s’allongent. Le pantographe, le dispositif qui permet au train de capter l’électricité de la caténaire, risque alors de l’endommager ou de l’arracher. Pour les systèmes de signalisation dont les composants électriques et électroniques peuvent tomber en panne sous l’effet de la canicule, « des climatiseurs sont installés dans les locaux techniques les plus sensibles », signale le groupe. Des tournées chaleurs effectuées par les agents dans les zones les plus sensibles en fonction des prévisions météo permettent de contrôler la température des rails et l’état des systèmes de tension des caténaires.
Le système électrique s'adapte
Le 9 août, EDF a dû mettre à l’arrêt le réacteur n°2 de sa centrale nucléaire du Bugey (Ain) car la température du Rhône était devenue trop élevée. L’électricien prélève en effet de l’eau dans le fleuve pour refroidir ses installations puis l’y rejette à une température légèrement plus élevée. Lorsque le cours d’eau atteint 28°C, les réacteurs doivent être stoppés ou leur puissance modulée afin de préserver la faune et la flore aquatiques. A Golfech (Tarn-et-Garonne), EDF a adapté la production du réacteur n°1 car, bien que la Garonne atteigne les 28°C fatidiques, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité RTE requiert son fonctionnement pour équilibrer le réseau. La centrale de Saint-Alban (Isère) pourrait également devoir restreindre sa production à partir du 14 août.
Si la consommation française augmente, atteignant 5,2 GW à 12h45, l’approvisionnement en électricité n’est pas menacé et la France expédie même des électrons vers ses voisins. De son côté, RTE préserve ses câbles haute tension de la chaleur extrême en modifiant ponctuellement la puissance ou la tension de l’électricité qui y circule. Le gestionnaire prévoit d’investir 100 mds€ dans son réseau d’ici 2040, notamment pour l’adapter au changement climatique.