Présentée il y a un an par l’Association scientifique et technique pour l’eau et l’assainissement (Astee), la solution StaR-Eau s'appête à franchir un nouveau palier. Après avoir offert une vision exhaustive et harmonisée du patrimoine hydraulique de la France, elle doit maintenant relever le défi de son déploiement.
Or, c'est bien pour répondre au mieux aux besoins du marché que les créateurs de l’outil ont accompagné sa diffusion d'un appel à commentaires. Ils s’emploient désormais à en synthétiser les quelque 300 réponses recueillies.
Un travail de longue haleine
En engageant le développement de la plateforme en 2017 grâce au financement de l’Office français de la biodiversité, l’Astee mesurait déjà la difficulté de l’exercice : avant elle, la commission de validation des données pour l’information spatialisée (Covadis) avait tenté de relever le défi de la géostandardisation des données sur l’eau. Mais avec son système baptisé Réseau d’eau potable et d’assainissement (Raepa), cette instance aujourd’hui disparue – émanation des ministères chargés de l’Ecologie, de l’Agriculture et du Logement – aura surtout réussi à enrichir le dictionnaire des sigles technocratiques français.
Bibliothèque de symboles
Cet échec a déclenché le nouveau chantier piloté par l’Astee, à la demande du Conseil national de l’information géolocalisée. Placé sous la tutelle du ministère de la Transition écologique, cet organisme en a validé les résultats à la fin de l’année dernière.
« Dès 2019, nous avions défini une bibliothèque de symboles. Mais la seconde étape s’est révélé beaucoup plus lourde : il s’agit de finaliser un vrai modèle d’échanges de données orienté vers la gestion du patrimoine, qu’il s’agisse d’eau potable, d’assainissement ou d’écoulements pluviaux », récapitule Gilles Chuzeville, animateur du groupe de travail et ingénieur en charge de la stratégie patrimoniale à Lyon Métropole.
Classement des matériaux
Comme la plupart des grandes collectivités françaises, cette dernière disposait déjà d’un outil spécifique et connecté à son système d’information géographique (SIG). Mais faute d’interopérabilité, les systèmes existants ne s’appliquent pas aux petits services publics de gestion de l’eau. Ce cloisonnement empêche de disposer d’une information exhaustive sur la tuyauterie hydraulique française, soit 1 million de km de réseaux d’eau potable et 380 000 pour l’assainissement.
« Outre le linéaire, StaR-Eau permettra de suivre l’état du patrimoine selon les critères de l’âge et des matériaux », espère Gilles Chuzeville. Le soutien de l’OFB accrédite cette perspective : l’établissement d’Etat gère l’Observatoire des données sur les services publics d’eau et d’assainissement Sispea, qui fait autorité parmi les collectivités.
De la cartographie à la gestion
Mais ces bons auspices ne suffisent pas. « Pour que les bureaux d’études qui cartographient les petits réseaux utilisent StaR-Eau, il faut les rassurer sur la stabilité du modèle », explique Patrick Alayrangues, animateur du groupe de travail « Standard SIG » à l’Astee et directeur associé du bureau d’études Altéreo. Ce message s'adresse également aux éditeurs de logiciels SIG, aux exploitants, et et à tous les acteurs intervenant sur la cartographie des réseaux
D’où la poursuite de la mobilisation de l’Astee. Après la cartographie du patrimoine, une prochaine étape concernera l’utilisation de l’outil pour l’exploitation. « Cela passera par l’intégration de l’intelligence artificielle. Les données issues des inspections télévisées amélioreront la prédictibilité de l’avenir », annonce Patrick Alayrangues.
Rendez-vous en septembre
L’effort des bénévoles de l’association place la France en position pionnière : les créateurs de StaR-Eau n’ont pas identifié d’équivalent dans d’autres pays. Les 10 et 11 septembre aux huitièmes Geodata days qui se tiendront à Marseille, ils prévoient une première restitution des commentaires en cours d’analyse.