Le projet de canal Seine-Nord Europe franchit une nouvelle étape avec la création du comité Seine-Escaut, le 24 novembre, par les ministres des Transports des Pays-Bas, de la Wallonie, de la Flandre et de la Belgique. L'objectif de ce comité, qui comprendra les représentants nationaux des gestionnaires des voies navigables, est de donner un cadre réel à la coordination européenne du projet.
En effet, Seine-Nord Europe est le maillon français d'une liaison européenne dite Seine-Escaut, inscrite par l'Union européenne comme projet prioritaire de transport. A ce titre, il bénéficiera d'une subvention européenne, dont le montant est inconnu tant que l'Union européenne n'aura pas décidé de son budget 2007-2013.
Les choses n'en sont pas là : les études d'avant-projet arrivent à leur terme ; le dossier doit être transmis au ministre des Transports, fin mars, pour que ses services démarrent l'enquête publique en septembre prochain ; la déclaration d'utilité publique pourrait ainsi, comme le souhaite le ministre, être décrétée fin 2007. Les études d'exécution et les travaux ne commenceront donc pas avant 2008, et l'objectif est de pouvoir naviguer sur le canal en 2012.
Tout se joue dans le montage de l’avant-projet. Mais tout se joue aujourd'hui, dans le montage de l'avant-projet, qui donne sa crédibilité à l'ouvrage. Et, dans ce domaine, les équipes de Voies navigables de France (VNF) ont redoublé d'énergie pour que le canal Seine-Nord Europe ne soit pas un nouveau canal Rhin-Rhône. La concertation la plus large possible a été engagée, et ce ne sont pas moins de 400 acteurs qui doivent remettre début décembre leur avis formel. Du travail en perspective pour les équipes de Nicolas Bour, directeur de la mission Seine-Nord Europe, chargée par VNF des études et de la concertation.
L'enjeu de cette concertation est capital à plusieurs niveaux : pour assurer l'acceptation du canal par les populations des territoires traversés, mais aussi pour regrouper autour de ce projet des acteurs économiques permettant le montage du partenariat public-privé.
Le cycle de réunion européen qui s'amorce permettra ainsi de toucher des partenaires hors de nos frontières. Les consortiums privés prendront certainement une dimension internationale. Des groupes de BTP pourraient bien sûr s'investir, mais aussi les logisticiens, des investisseurs financiers et des opérateurs de bases de loisirs. Tout dépendra du périmètre du partenariat envisagé.
Créer des liens entre le maritime,
le fluvial, le rail et la route. S'il est désormais certain que les installations portuaires et logistiques seront comprises, des éléments tels que la lutte contre les crues de la Somme et de l'Oise ou l'alimentation en eau du Nord-Pas-de-Calais pourraient l'enrichir. Car ce projet n'est pas seulement une liaison fluviale entre le port du Havre et le réseau du nord de l'Europe. C'est aussi un moyen, à travers les plates-formes multimodales, de créer des liens entre le maritime, le fluvial, le rail et la route. Et la fluidité entre les différents modes de transports est une des clés du report modal.