Certes le creusement proprement dit des 107 kilomètres du Canal Seine-Nord-Europe, qui reliera Compiègne, dans l’Oise, à Aubencheul-au-Bac (Nord) n’a pas commencé, mais les travaux préparatoires modifient déjà le paysage et les prémices du futur ouvrage se devinent.
Dans le secteur 1, soit un linéaire de 18 km entre Compiègne et Passel (Oise), les pelleteuses, comme les ingénieurs en génie civil, s’affairent. Près de 150 personnes œuvrent à la réalisation des travaux dits prioritaires. Des opérations préalables nécessaires au creusement du canal à grand gabarit qui doit entrer en service à horizon 2030, à l’instar de deux quais, livrés en décembre à Pimprez et Ribécourt.
Cette première zone comprend en outre des franchissements à créer ou adapter. Comme à Cambronne-lés-Ribécourt, qui accueillera le plus grand pont du secteur 1 et enjambera le futur canal. D’une portée de 105 m sans piles, il s’installera sur les deux culées qui émergent déjà du sol. D’ici quelques semaines, les trois poutres sur lesquelles reposera le tablier seront levées.
Rescindement de l’Oise, siphon et déversoir
A quelques mètres de là, le nouveau lit de l’Oise commence à serpenter sur cette emprise qui n’était encore que forêt il y a peu. Le rescindement, c’est à dire sa déviation, est en cours. But de l’opération : libérer de l’espace entre le lit naturel de l’Oise et son canal latéral pour y insérer le canal à grand gabarit.
L’aménagement de la zone comprend par ailleurs la création d’un siphon. Ce dernier assurera la traversée sous le futur canal du ru du Moulinet. Pour cela, charge à un mini-tunnelier de poser deux canalisations d’1,2 m de diamètre sur 260 m de long. Du côté de Montmacq, le battage des palplanches pour la création d’un déversoir est prévu au printemps 2024. D’une hauteur de 350 m, il servira à réguler et transférer une partie du débit de crue de l’Oise.
1 100 ha d’aménagements environnementaux compensatoires
Sur la centaine de kilomètres de canal à construire, 1100 hectares de plantations et d’aménagements environnementaux sont programmés au titre de la compensation environnementale. Pour le rescindement de l’Oise, « nous avons recrée un lit avec des enrochements de granulométries différentes pour favoriser la fraie des poissons », détaille par exemple Antoine Lefranc, responsable environnement pour la Société du Canal Seine-Nord.
200 arbres identifiés comme habitat naturel
Parmi la trentaine de mesures de compensation prévue sur le secteur 1, des pêches de sauvegarde ont en outre permis d’exfiltrer les poissons présents pour les réimplanter à proximité. Côté flore, les grandes opérations de déboisement nécessaires à la libération des emprises, ont suivi un phasage précis afin de ne pas perturber la reproduction et la nidification des espèces présentes. Soit un arrêt de ces travaux d’avril à septembre. 200 arbres identifiés comme habitat naturel ont aussi fait l’objet de mesures d’abattages spécifiques pour limiter l’impact sur la faune présente. « C’est un canal sur lequel on va permettre la vie avec des berges lagunées », appuie enfin Lyna Pobeda, directrice de territoire Compiégnois-Noyonnais.
Prochaine étape désormais, la notification des entreprises de génie civil pour la construction de l’écluse de Montmacq-Cambronne-lès-Ribécourt. En parallèle, les études sur les autres secteurs du futur tracé se poursuivent. En attendant le feu vert définitif que représente l’autorisation environnementale, véritable permis de construire attendu pour 2024, qui actera le détail des travaux pour la fin du parcours.