Selon le règlement, le bâtiment couronné par l'Equerre est forcément en France. Et pourtant, cet édifice primé en 2003 se trouve à Beyrouth, au Liban.
Il s'agit de l'ambassade de France, réalisée par les architectes Yves Lion et Claire Piguet. Or une ambassade de France, eh bien, c'est la France, non ? Du moins en théorie.
En réalité, la croyance bien ancrée selon laquelle une représentation diplomatique est une extension du sol du pays représenté est juridiquement fausse. On confond souvent ce principe de l'extraterritorialité, qui reviendrait à faire des tas de petits trous étrangers sur la carte des capitales du monde entier, avec l'inviolabilité, bien réelle, des ambassades.
Le maître d'ouvrage de l'édifice est quant à lui l'Etat français, via le ministère des Affaires étrangères. On ne retira donc pas son Equerre à cet édifice distingué pour son sens de l'équilibre entre ouverture, côté jardin, et protection, avec ses façades de pierre à l'arrière. Tout l'art de la diplomatie concentré en un édifice, en somme.