Dans le XIe arrondissement de Paris, au fond d'une impasse autrefois bordée d'ateliers et de hangars, les nouveaux bureaux de l'agence d'architecture Atelier du Pont jouent sur une esthétique liée à l'artisanat qui correspond à ses aspirations et qui résonne avec l'histoire du quartier. « C'est un laboratoire de notre travail car, au fil du temps, nous avons agrégé autour du métier d'architecte toutes les compétences qui lui sont liées, comme l'architecture intérieure, le design ou les études en écoconception », commente Philippe Croisier, fondateur et associé aux côtés d'Anne- Cécile Comar. Développant depuis quelques années des bureaux non standards, ils ont décidé d'en faire de même pour la construction de leur propre siège.

C'est avant l'épisode Covid-19 que le duo a découvert ce terrain à vendre de 444 m2 . Pour limiter les pignons aveugles visibles par les habitants des logements tout autour, ils imaginent, entre ruelle et fond de parcelle, un bâtiment en U et en R + 2. Ils décaissent d'un demi-niveau le terrain en pente afin d'ajouter un niveau complet et d'éclairer naturellement l'atelier des maquettes. Et dans la continuité du beau jardin mitoyen, ils libèrent un vaste patio végétalisé. « Notre démarche d'intégration a consisté à aller voir tous les voisins pour présenter notre projet une fois le permis de construire obtenu », explique Philippe Croisier.
Face à un chantier difficile d'accès, la construction en bois a été privilégiée, d'autant qu'Atelier du Pont possède une solide expérience dans l'utilisation de ce matériau. A la structure poteaux-poutres en façade, dans laquelle les fenêtres sont prises en tableau, les architectes associent des planchers nervurés en CLT. Ce mode constructif engendre des espaces modulables et facilite leur mutabilité. Ils ont également anticipé une décomposition en lots en laissant la possibilité de clore la cage d'escalier. Avec trois mètres de plancher à plancher, le gabarit affiche un format hybride entre bureau et logement. Atelier du Pont en profite aussi pour prouver aux clients qui lui rendent visite que des bureaux peuvent très bien fonctionner sans faux plafond ni faux plancher. Les réseaux restent apparents pour ne pas perdre de volume et, au sol, des caniveaux techniques filants permettent à chacun de se brancher à volonté.

A la climatisation, l'agence a préféré des procédés low-tech. Comme le bâtiment n'est pas épais et qu'il possède des ouvrants de toutes parts, la ventilation naturelle s'effectue aisément. Des stores extérieurs à projection protègent les baies des rayons du soleil, et des brasseurs d'air au plafond rafraîchissent les locaux l'été et répartissent l'air chaud en hiver. Le plancher chauffant basse température fonctionne à l'aide d'une pompe à chaleur.
Equipes mobiles. Les espaces, à la fois variés, domestiques et chaleureux, se sont révélés parfaitement adaptés au fonctionnement interne de l'agence dont la quarantaine de collaborateurs travaillent en studio, proches les uns des autres. Depuis leur installation, associés et employés se sont déjà déplacés plusieurs fois dans les locaux, au gré des projets autour desquels les équipes se forment. « Depuis toujours, nous essayons de fidéliser nos collaborateurs. Nous développons une culture d'agence et cet endroit convivial, ouvert et dynamique est cohérent avec notre vision du métier d'architecte », insiste Philippe Croisier.
