ERP: généralisation des capteurs de CO2 et des purificateurs d’air demandée par les parlementaires

Suite à leurs travaux menés depuis le printemps 2020, les députés et sénateurs membres de l’Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) ont publié mi-décembre une nouvelle note étudiant les interactions entre la pollution de l’air et la crise du Covid-19. Les parlementaires y préconisent la généralisation, peut-être imposée par la loi, des capteurs de CO2 et des purificateurs d’air dans les établissements recevant du public (ERP).

Réservé aux abonnés
Aides aux entreprises pour palier la crise sanitaire du Covid-19
Aides aux entreprises pour palier la crise sanitaire du Covid-19

Va-t-il falloir légiférer pour obliger les entreprises et les institutions publiques à être attentives à la qualité de l’air en milieu clos ? Dans un rapport publié le 17 décembre dernier, les parlementaires de l’Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) envisagent de définir un cadre juridique national pour l’installation et l’utilisation des purificateurs d’air dans les ERP (établissements recevant du public), listant les technologies autorisées et les obligations d’entretien.

Même s’il reste difficile de savoir si le risque de contamination par aérosols en milieu confiné est plus ou moins important que ceux résultant du contact direct et de la transmission par gouttelettes, il est réel, et met donc le public et les travailleurs en danger. Les rapporteurs de l’OPECST, présidé par Cédric Villani, préconisent donc de renforcer les politiques d’incitation au renouvellement de l’air dans les milieux clos, comme la ventilation et l’aération.

Avec, naturellement, un accent particulier mis sur les établissements recevant du public (ERP), en appuyant ces politiques par l’installation et l’usage généralisé de capteurs de CO2 performants qui permettent de disposer d’un indicateur efficace. De plus, ils encouragent la mise en place d’une campagne nationale de tests d’efficacité́ des purificateurs d’air dans les ERP en partenariat avec le ministère de l’Éducation nationale et les collectivités territoriales, afin de déterminer un cadre juridique commun régissant l’installation et l’entretien de ces appareils.

L’utilité des capteurs de CO2

Il est recommandé d’aérer régulièrement, « mais il peut, en pratique, s’avérer difficile de déterminer la fréquence et la durée de l’aération, car cela peut dépendre du volume de la pièce, du nombre de personnes présentes, de l’activité etc », indique le rapport parlementaire. Un bon indicateur du renouvellement de l’air dans une pièce est le niveau de dioxyde de carbone : facilement mesurable à l’aide de petits capteurs, il est émis lors de la respiration et s’accumule dans la pièce au fil du temps. « Même s’il n’est pas défini comme un polluant classique, un taux élevé de CO2 correspond à une aération insuffisante », affirme le rapport.

Le ministère du Travail, de l’emploi et de l’insertion recommande depuis le 29 novembre dernier une action de renouvellement de l’air dès 800 ppm et une évacuation du local dès 1000 ppm. Même si le budget peut s’avérer lourd pour s’équiper (au moins 300 euros pour un capteur), l’acquisition de tels capteurs est rentable : « l’aération guidée par l’installation de capteurs de CO2 peut donc aider à lutter contre ces épidémies. Pour rappel, le virus influenza de la grippe provoque en France entre 5000 et 15 000 morts par an et est responsable de plus de 4 millions de journées de travail perdues », rappelle le rapport. Le développement de technologies moins chères (photo-acoustique) ainsi qu’une mutualisation des achats peuvent aider à diminuer les coûts.

Les purificateurs d’air : uniquement par filtration

Il existe plusieurs technologies disponibles pour les purificateurs d’air, par ionisation et filtration électrostatique, mais aussi par oxydation ou destruction. Cependant, le HCSP recommande « de n’implanter que des unités mobiles de purification de l’air par filtration HEPA H13 ou H14 ou taux de filtration équivalent ». En effet, les appareils utilisant des traitements physico-chimiques de l’air tels que la désinfection par UV, plasma, ozonation ou catalyse souffrent d’une « impossibilité en utilisation réelle d’analyser la qualité de l’air intérieur et détecter les problèmes de dégradation incomplète possible des polluants conduisant à la formation de composés potentiellement dangereux pour la santé ».

Ces techniques peuvent produire de l’ozone, gaz hautement irritant, et, plus généralement, des polluants secondaires dont les effets sanitaires ne doivent pas être négligés. Problème : un purificateur coûte 2000 euros (et les prix continuent de grimper) …

Les demandes des gestionnaires de bureau et des salariés

Si les parlementaires envisagent de contraindre en priorité les ERP et les écoles, les entreprises, elles aussi, se préoccupent du sujet. Les salariés réclament – à juste titre - d’être protégés aussi efficacement que possible contre l’épidémie. « Les occupants veulent davantage de technique dans les immeubles, car elle se résume un peu trop souvent à l'installation de capteurs mesurant le taux d'occupation. Nous avons besoin de technologies plus utiles, comme des applications permettant de créer des communautés de salariés et de les animer, indiquait Jacques Perpère, secrétaire général de l'Association des directeurs immobiliers (ADI), dans un entretien au Moniteur. Ces derniers seront davantage demandeurs de services, que toutes les entreprises ne seront pas forcément en mesure de fournir. C'est pourquoi des accords avec les commerçants du quartier sont actuellement noués, ce qui pourrait engendrer une certaine revitalisation des territoires. Enfin, les salariés porteront une attention particulière à l'hygiène et à la qualité de l'air, ainsi qu'aux performances environnementales des immeubles de bureaux. Ils demanderont des preuves tangibles de l'engagement de leur employeur. »

Dans un avenir un peu plus lointain, les professionnels de l’immobilier devront sans aucun doute apporter la garantie que l'air est sain dans les bâtiments qu’ils conçoivent ou restructurent. Sabine Bourrut-Lacouture Lepine, directrice immobilier entreprise de Bouygues Immobilier, imagine même désormais de collaborer « avec des spécialistes de la santé pour évaluer l'impact de la lumière, des couleurs… sur le travail ». Cette épidémie aura eu le mérite de faire évoluer la réflexion sur la qualité de l’environnement au travail.

Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !