Après la transformation de la raffinerie nord de Strasbourg en l’« EcoParc rhénan » de 80 hectares rempli de 160 000 m2 de bâtiments et 1 500 emplois à Vendenheim (Bas-Rhin), Brownfields lance la nouvelle vie d’une autre emprise qui lui est voisine : l’ancien site de l’Etablissement public de santé Alsace nord (Epsan) sur la commune de Hœrdt.
Ce nouvel « EcoParc », dit de la Basse Zorn du nom de la rivière attenante, déploiera 65 000 m2 couverts sur un foncier de 35 hectares. Soit les 10 000 m2 de bâtiments anciens les plus remarquables qui sont conservés pour une vocation tertiaire, et des constructions neuves pour des offres à partir de 2 000 m2 de terrain qui vont jusqu’à un bâtiment logistique de 30 000 m2.
Celui-ci est déjà commercialisé et il n’est pas le seul dans ce cas. L’engouement n’a en effet pas tardé pour cette offre qui émerge dans une pénurie certaine au sein de l’agglomération strasbourgeoise (voir focus ci-après). « La moitié des surfaces sont d’ores et déjà réservées », signale Nicolas Pfister, directeur général adjoint de Brownfields Immobilier. Les terrains seront rendus disponibles cet été après l’achèvement des premiers travaux (avant finition) de voirie et réseaux divers par les entreprises Pontiggia (groupe NGE) et GCM. Brownfields consacre au total quelque 5 millions d’euros aux aménagements, incluant les démolitions et désamiantage opérées par le groupe indépendant GCM à nouveau et par Cardem (groupe Eurovia-Vinci).
Transplantation de tilleuls
Le développeur immobilier français insiste sur ses actions de biodiversité, marquées le 12 mars dernier par une transplantation spectaculaire de 17 majestueux tilleuls. Ces arbres de plus de 80 ans ont été déplacés de quelques mètres, de sorte à assurer le passage des véhicules et des réseaux, une opération préparée par le creusement d’une tranchée d’1,5 mètre de profondeur autour de leur emplacement d’origine afin de couper les racines les plus longues.

Le développeur immobilier a procédé à la transplantation de quelques mètres de tilleuls pour les besoins d’aménagement du futur parc d’activités. © Airmegapix
Brownfields poursuit également la préparation de son troisième projet alsacien : la transformation d’une friche du groupe chimique-pharmaceutique suisse Novartis à Huningue (Haut-Rhin). Cette ancienne sablière de 10 hectares deviendra un autre « EcoParc », celui des 3 Frontières au croisement de la France, de l’Allemagne et de la Suisse. Le total de 30 000 m2 sera orienté vers les artisans, les PME ainsi que des activités tertiaires, de formation et de recherche-développement liées aux sciences de la vie, activité en plein essor dans ce secteur. « Les terrassements ont démarré ce 14 mars, en vue de rendre les voiries disponibles avant la fin de l’année et nous démarrons la commercialisation », souligne Nicolas Pfister. Qui promet la sortie « d’autres projets d’envergure dans le Grand Est » pour Brownfields Immobilier.
« Signal d’alarme » dans les locaux du Bas-Rhin
Le développement de l’EcoParc de la Basse Zorn s’engage dans un contexte de marché tendu pour les locaux d’activités dans le Bas-Rhin : le déficit entre l’offre, de plus en plus rare, et une demande pour l’heure toujours vigoureuse s’est aggravé en 2023, observe le cabinet conseil CBRE Rive Gauche. Ce qui incite celui-ci à envoyer un « signal d’alarme » dans son étude immobilière annuelle. Si l’offre disponible est restée stable d’une année à l’autre, à 190 000 m2, la part du neuf se réduit à peau de chagrin, soit 14 % (27 000 m2) et l’offre future identifiée se limite à 35 000 m2. Cette situation résulte d’un double effet, selon CBRE Rive Gauche : les prémices du ZAN et « une absorption très rapide du neuf » par la demande. En 2023 du moins, nonobstant ce que la conjoncture de 2024 réservera, les transactions ont été particulièrement dynamiques : le score de 443 000 m2 mesuré par CBRE Rive Gauche est historiquement haut, il surpasse des deux tiers la moyenne décennale. Les 52 000 m2 pris par le géant chinois Huawei pour son usine européenne – en cours de construction à Brumath par Bouygues – n’expliquent de loin pas à eux seuls cette performance. Deux-tiers des surfaces placées se concentrent dans le neuf, « qui est nettement privilégié par les utilisateurs, pour leurs objectifs de réduction des charges d’exploitation et de l’empreinte carbone, » souligne Sandrine Reslin, consultante pour les locaux d’activités et la logistique au cabinet conseil strasbourgeois.