Bouygues Immobilier lance sa stratégie pour la biodiversité

L’engagement de Bouygues Immobilier pour la biodiversité a pris une forme solennelle, le 14 septembre lors d'une cérémonie au siège du major du BTP : « Un formidable élan s’annonce, en même temps qu’une grand opportunité de changement de paradigme dans la construction », a proclamé le président Bernard Mounier. « Sans l’entreprise, pas de solution », a encouragé le biologiste Gilles Bœuf.

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Gilles Boeuf
"Sans l'entreprise, pas de solution", a encouragé le naturaliste Gilles Boeuf le 14 septembre à la cérémonie de lancement de la stratégie Biodiversité de Bouygues Immobilier

Le 14 septembre fera date, pour les 1600 collaborateurs de Bouygues Immobilier, conviés à suivre en direct l’émission enregistrée en podcast, avant sa diffusion en différé le 22 septembre à 17 h sur les antennes de Radio Immo et Radio Territoria.

Biodiversité et climat, même combat !

Au lendemain du congrès mondial de la nature réuni à Marseille du 3 au 11 septembre, l’opérateur a répondu au SOS planétaire des climatologues et des biologistes : « Biodiversité et climat, même combat », proclame l’affiche de l’événement, sous la nouvelle baseline selon laquelle « la vie commence ici ».

Chaque salarié a reçu un livre manifeste à cette occasion : « Une vie sur notre planète », par Sir David Attenborough, chronique du drame écologique en cours. La formation du personnel suit la même lancée, avec deux modules obligatoires de 40 mn à partir du 15 septembre, et une quinzaine d’autres pour les techniciens et responsables commerciaux. Ce volet de la stratégie biodiversité prolonge des sensibilisations aux défis climatiques, mises en œuvre au printemps dernier.

Multiplier les expériences de nature

Désormais, tous les programmes du constructeur utiliseront la « calculette biodiversité », pour diminuer les impacts.

« Bouygues Immobilier s’engage également à recourir à un écologue pour toutes ses opérations, et à systématiser des plans paysagers qui favorisent les expériences de nature, dans ses aménagements extérieurs », complète Olivia Conil Lacoste, directrice développement durable et responsabilité sociétale. 

« Les solutions existent. Je ne suis pas venu pour vous plomber le moral », a rassuré le biologiste Gilles Bœuf, ancien président du Museum national d’histoire naturelle, lors de la cérémonie de lancement de la stratégie.

« Tout n’est pas perdu »

« La bonne nouvelle, c’est que tout n’est pas perdu, si nous nous engageons dans une réduction immédiate et drastique de nos émissions de gaz à effet de serre », a renchéri la climatologue Françoise Vimeux, au terme d’un vertigineux résumé en 15 mn des 4000 pages de la démonstration « sans équivoque » administrée par le groupe intergouvernemental d’experts sur le climat (Giec) dans son rapport du 9 août : aucun doute ne subsiste quant à l’impact des activités humaines sur le réchauffement planétaire.

Des deux défis du climat et de la biodiversité, Bernard Mounier tire une ligne de conduite : « Changer plus vite que la capacité d’adaptation du vivant ». Pour le président de Bouygues Immobilier, cela passe d’abord par l’acculturation : « Connaître, savoir, parler, faire savoir… ».

Forcer les solutions

L’opérateur s’engage par-dessus tout à « forcer les solutions », notamment par le dialogue avec les collectivités, à qui il entend démontrer que « construire autrement, ce n’est pas toujours plus cher ». La densité et la hauteur font-elles peur ? « A nous de démontrer qu’une tour peut s’agrémenter d’un jardin où l’eau circule », poursuit le président.

L’acculturation, le groupe immobilier l’a mise en pratique en participant au financement de l’étude pluridisciplinaire de 500 pages récemment livrée par l’observatoire Spinoza, sous le titre « Nature, santé et engagement » : « Le contact fréquent avec la nature stimule le sentiment que la vie vaut la peine d’être vécue », soutient sa directrice Saphia Larabi.

L’architecture réinventée

Lorsqu’il brise les frontières entre végétal et minéral, l’architecte trouve, lui aussi, de nouveaux sens à son activité professionnelle, à en croire Pascale Dalix (agence Chartier Dalix) : « Deux ans après la livraison de l’école que nous avons construite à Boulogne, le nombre d’espèces de plantes y est passé de 74 à 144. Les poches vertes ramènent la nature et stimulent les enseignants », triomphe la conceptrice.

Pour le président du fonds Intelligence Nature Jean-Marc Bouillon, les solutions urbaines à la réintroduction de la biodiversité en ville passent d’abord par la gestion de l’eau, à travers des « schémas de déconnexion ».

Un marathon au rythme du sprint

A ceux que la conversion du major du BTP à la cause du vivant laisserait sceptiques, le directeur du développement durable de Bouygues répond par une attaque en règle contre le greenwashing, souvent caché derrière les bonnes intentions de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE).

Avec des accents que ne renieraient pas les écologistes les plus radicaux, Fabrice Bonnifet démasque cinq fausses croyances : non, la course aux profits ne participe pas au développement durable ; la RSE ne favorise pas plus la croissance verte ; l’innovation technologique ne mène pas forcément à la durabilité ; de même qu’une balance précise ne guérit pas du surpoids, la RSE ne permet pas de changer nos modes de vie ; enfin, elle n’aide pas à progresser vers la neutralité carbone, sans cesse remise à des échéances qui en reportent le poids sur les générations à venir.

A ces cinq fausses croyances, Fabrice Bonnifet oppose « la vérité et la formation ». « Le mieux disant n’est pas une option », conclut le directeur du développement durable, qui invite ses troupes immobilières à « courir un marathon à la vitesse d’un 100 m ».

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