Bouygues Immobilier a engagé depuis plusieurs années la digitalisation de sa production. Mais si la montée en compétence progresse dans le tertiaire, les freins sont encore nombreux dans le logement.
Bernard Mounier, son président, mise donc sur le Building information modeling (BIM) et veut aller très vite. « En 2021, 6 % de la production de logements était réalisée grâce au BIM », annonce Annalisa De Maestri, nouvelle directrice de l’environnement numérique. « Nous allons passer à 25 % cette année et nous visons d’atteindre les 80 % en 2023 », poursuit-elle.
Un cahier des charges simple et pédagogique
Comment réaliser la transition numérique d'une activité qui représente 10 000 logements neufs/an à travers une centaine de projets dans l’Hexagone ? Ils dépendent à chaque fois d’équipes locales réparties entre les 34 agences, où tous les collaborateurs ne sont pas formés au BIM.
Autre frein, les missions de BIM mangement sont coûteuses puisqu’elles représentent entre 15 et 20 000 euros/projet. Pour régler ces problèmes Bouygues Immobilier met en place une stratégie qui repose sur deux piliers : un cahier des charges simple et pédagogique pour être facile à respecter et l’accompagnement par la cellule BIM dirigée par Gonçalo Ducla Soares, responsable du développement du BIM chez Bouygues Immobilier d’un projet par agence. « Pour limiter les coûts, nous nous occupons également du BIM management », souligne-t-il.
Ainsi, le cahier des charges comprend une quarantaine de paramètres au total, avec des éléments comme le ratio entre la surface habitable et la surface de planchers, un pourcentage de surfaces vitrées, etc. Pour vérifier ensuite le respect des exigences, la cellule BIM utilise Solibri Model Checker qui analyse directement les maquettes numériques. Les données sont ensuite exportées vers la plateforme unifiée Power BI où elles sont organisées et traitées.
Bilan carbone des structures en béton
Ces données vont servir, en particulier, à réaliser des bilans carbone. Pour l’instant, le promoteur se concentre sur les structures en béton et demande aux opérateurs de remplir précisément les champs relatifs aux quantités d’armatures, à la nature du ciment et à la résistance mécanique du matériau. Ce qui permet de connaître environ 30 % du poids carbone global de l’ouvrage. Par la suite, Bouygues Immobilier complétera ses analyses avec les chiffres relatifs aux quantités et à la nature des matériaux qui forment les façades, puis avec les données des intérieurs.
La collecte de ces données est en place depuis six mois et semble se dérouler sans difficulté majeure. Un premier point très positif qui tient au fait que « nous ne leur demandons que des informations pertinentes », estime le responsable du déploiement du BIM.
Comme beaucoup d’experts de cette méthode de travail collaborative, il est revenu des premiers temps où la puissance des logiciels incitait les maîtres d’ouvrages à demander une multitude d’informations ce qui surchargeait les modèles jusqu’à, souvent, les rendre inutilisables.