Biodiversité : la démonstration d’Eiffage passe par la poésie

La nature urbaine se trouve au cœur de la seconde opération démonstratrice de la direction du développement durable d’Eiffage : après Smartseille, l’éco-quartier LaVallée de Chatenay-Malabry (Hauts-de-Seine) enrichit l’outillage. Grâce à la section littéraire de l’université Gustave Eiffel, partenaire du groupe, la poésie s’invite au milieu des innovations techniques, pour consolider les liens entre les êtres vivants qui habiteront le quartier. Les humains côtoieront les conocéphales gracieux (sauterelle), les pipistrelles communes (chauve-souris) ou encore les hespéries de l’Alcée (papillons), dans cet opération pilote du futur label Biodivercity Ready.

Réservé aux abonnés
Maquette Mavallée
Au centre du quartier, une promenade plantée reliera la coulée verte du sud de Paris au parc de Sceaux.

« Sur nos chantiers, partons du bon pied pour protéger la nature ». Affiché sur l’écran mural dans la salle de réunion de la base vie, le message introduit une heure de sensibilisation à la biodiversité.

Sensibilisation des compagnons

Sensibilisation biodiversité
Sensibilisation biodiversité Sensibilisation biodiversité

Les sessions de sensibilisation des compagnons ont démarré le 7 octobre.

Sur le chantier de la zone d’aménagement concerté Lavallée à Chatenay-Malabry (Hauts-de-Seine), six groupes d’un peu moins de 20 compagnons se succèdent pour lancer, en octobre 2020, le volet Sensibilisation du partenariat contractualisé entre le groupe Eiffage et la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), co-animatrice des sessions calées en début de demi-journée ou en fin de matinée pour perturber le moins possible l’avancement des travaux.

Chargée d’études à l’association, Marine Cornet multiplie les conseils pratiques : « Pensez à éteindre et fermer. La lumière désoriente les chauves-souris, et les fenêtres ouvertes peuvent donner l’impression qu’il y a un passage. Attention : les oiseaux ne digèrent pas le gluten et le sel du pain leur donne soif… ». Un test de connaissance clôt la session. Marine Cornet rappelle le drame des moineaux de Paris et de sa petite couronne : 70 % de pertes entre 2003 et 2016, attribuées à la disparition des habitats, et notamment celle des anfractuosités des vieux murs. Pourquoi se priver d’en prévoir dans les ouvrages neufs ?

Pédagogie

« Vous êtes les premiers habitants de ce futur quartier. Tout commence par vous », insiste Franck Faucheux, directeur des innovations pour le maître d’ouvrage : la société d’économie mixte à opération unique (Semop) LaVallée, détenue à 50 % par Eiffage Aménagement, devant la ville de  Châtenay-Malabry (32 %) et la caisse des dépôts. Responsable environnement chez Eiffage Construction Ile-de-France, Corinne Quelquejeu rebondit sur l'expérience douloureuse du chantier du port de plaisance de l'Ile-Adam, où l'entreprise a payé cher le non respect de ses engagements environnementaux: "Plus jamais ça", insiste-t-elle au nom de la cellule interne mise en place en réponse à cet épisode.

Pour communiquer aux ouvriers l’enjeu que revêt l’observation des mesures prescrites dans l’autorisation environnementale unique du projet LaVallée, Franck Faucheux n’hésite pas à entrer dans la cuisine financière et réglementaire dont dépend le bilan de la Semop : « Nos engagements pour le climat facilitent la négociation avec la banque, au moment de contracter l’emprunt nécessaire à l’achat du terrain vendu par l’Etat à 100 millions d’euros. Ensuite, le respect des prescriptions évitera les amendes ».

Démonstrateur

Opération pilote pour le label Biodivercity Ready délivré par le Conseil international Biodiversité et Immobilier pour encadrer la construction de quartiers, le chantier revêt une valeur stratégique pour la direction du développement durable d’Eiffage : après Smartseille centré sur les technologies numériques dans le cadre de l’eco-cité Euroméditerranée, LaVallée s’affiche comme une seconde opération démonstratrice. Sur 20,6 hectares, le chantier d’aménagement mobilise quelque 250 millions d’euros entre 2018 et 2027, pour accueillir 2200 logements, quatre équipements publics, 15 000 m2 de commerces et 36 500 m2 de bureaux.

Sous la surveillance d’Emilie Boutounet et de Pierre-Antoine Jujard qui se partagent la responsabilité de la biodiversité chez Eiffage aménagement et Eiffage immobilier sous les angles règlementaire et écologique, la nature en ville fait partie des objectifs majeurs de la seconde démonstration du major du BTP, à côté de la réduction de l’empreinte carbone, de l’économie circulaire et des nouveaux usages sociaux (conciergerie, chambre d’amis partagée, boîte à lettres numérique…). L’aménageur désigné en 2016 par la ville entend transmettre sa flamme environnementale aux quatre promoteurs : Eiffage Immobilier, Coffim, Icade et Kauffmann & Braud, auxquels s’ajoute le distributeur Lidl qui construit son siège social France.

Promenade belle et utile

Entre la coulée verte qui relie Paris à Massy et le parc de Sceaux, le site jouit d’un potentiel écologique stimulant : pour relier ces deux noyaux de biodiversité, une promenade plantée de deux hectares jouera le double rôle de corridor écologique et de liaison douce. Associée à la maîtrise d’œuvre conduite par  l’architecte François Leclercq, l’agence de paysage Base a tiré parti du dénivelé de 20 m : une série de bassins collectera et retiendra les eaux pluviales, tout en invitant les promeneurs à la rêverie.

L’art de transformer les contraintes environnementales en moteur de projet s’exprime à l’amont de la promenade plantée : « Malgré le faible intérêt écologique de la zone humide identifiée le long d’un mur, en amont des travaux, nous avons décidé d’en multiplier l’emprise par trois pour en faire le site de compensation des impacts environnementaux de  l’opération », explique Imane Bouderbala, responsable de Programme pour Eiffage Aménagement. L’inaccessibilité du futur écrin de nature ménagera la part d’intimité nécessaire aux êtres vivants.

Le joyeux et le grincheux

Pour conduire ses salariés et ses clients vers la biodiversité par la poésie, le maître d’ouvrage n’attend pas la fin de l’opération : « Dans le cadre de notre partenariat avec l’université Gustave Eiffel, les étudiants en lettre nous ont aidés à raconter une histoire qui joue sur ce registre », se réjouit Franck Faucheux.

Les poètes en herbe n’ont pas eu à chercher loin pour identifier les héros, parmi les espèces protégées dont les noms donnent chair à l’épopée écologique : sauterelle et chauve-souris espérés comme hôtes du futur corridor, le conocéphale gracieux et la pipistrelle commune sont déjà devenus les mascottes du projet, sous le nom de Coco le joyeux et Pisti le grincheux. Ils ont inspiré huit pancartes en cours d’implantation sur le chantier. La section littéraire de Gustave Eiffel inspirera les mots que Base intégrera dans le jalonnement de la promenade plantée.

Foisonnement technique

Autour des immeubles alimentés en chaleur par l'eau géothermale forée à 1500 m de profondeur, l’innovation poétique trouvera sa place dans un foisonnement technique intégré à la démonstration : aggloméré avec des résidus de l’industrie papetière issu de la transformation du bois, le tapis routier Biophalt + d’Eiffage, caractérisé par sa couleur claire qui atténue les pics caniculaires, couvrira les chaussées structurées avec les 120 000 tonnes de granulats récupérés sur l’ancien site de l’école Centrale. « Egalement utilisée pour la fabrication du béton neuf, cette ressource économise les navettes de 6000 camions, soit 120 tonnes de CO2 », précise Franck Faucheux. 

granulats
granulats granulats

120 000 t de granulats issus de la déconstruction de l'école Centrale serviront à fabriquer le béton neuf et les sous-couches routières

Les concepteurs de l’éclairage de la promenade plantée n’ont pas oublié que Pipi le Grincheux n’aime pas la lumière, et qu’il faut ménager les humeurs de ce précieux auxiliaire de la lutte contre les moustiques tigre, particulièrement surveillés aux abords de l’aéroport d’Orly : la phosphorescence des luminochromes d’Eiffage Infra guidera les promeneurs nocturnes, sur la promenade plantée. Dans les venelles d’accès aux logements, Eiffage Energy System équipera les luminaires de ses détecteurs de présence baptisés Luciole.

Transmission agricole

Mais le plus bel indicateur de l’esprit écologique de l’opération se situe dans le registre agricole : sans attendre la mise en service de la ferme urbaine d’1 hectare dont la livraison clôturera la troisième et dernière phase de l’opération, José Alves Macedo prend soin du poulailler du chantier, avec ses 11 hôtes. « On les nourrit avec les épluchures. Leurs œufs servent à fabriquer les desserts de la cantine du chantier, et les déjections recueillies dans les bacs serviront à amender le potager provisoire », raconte le maître compagnon qui dirige quatre des six chantiers en cours.

La boucle d’économie circulaire ne s’arrête pas là : à l’issue du chantier, les compagnons jardiniers offriront leurs bacs au fermier urbain, qui produira une partie de la nourriture servie aux écoliers de LaVallée. Du provisoire au définitif et du chantier au quartier, rien ne devrait contrarier l’esprit naturel et urbain qui souffle sur le coteau de la Bièvre, à Chatenay-Malabry.

Abonnés
Baromètre de la construction
Retrouvez au même endroit tous les chiffres pour appréhender le marché de la construction d’aujourd'hui
Je découvreOpens in new window
Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !