« Je ne suis pas favorable aux obligations, l’important est d’instaurer la confiance avec les professionnels de la construction », a expliqué Jacques Mézard au Moniteur en marge de la réunion de signature de la « Charte d’engagement volontaire de la filière du bâtiment pour la construction numérique - Objectif BIM 2022 », lors du Mondial du bâtiment. Le texte met bien l’accent sur l’engagement volontaire d’une cinquantaine d’organismes signataires (1) à accélérer la transformation digitale. Il vise la généralisation du Building information modeling (BIM) pour la conception et la construction d’ici à 2022, sans obligation, donc.
Du côté de l’Etat, les engagements portent sur la « mise en cohérence de la convention avec les autres politiques, et notamment avec le Grand Plan d’investissement », le soutien aux actions de transition numérique essentielles et au développement d’un permis de construire dématérialisé. Côté maîtrise d’ouvrage et établissements publics d’aménagement, les engagements portent sur le fait de recourir « lorsque c’est possible » à la plateforme collaborative BIM développée par le CSTB dans le cadre des travaux du PTNB et à rédiger leurs marchés de sorte à généraliser la conception BIM dans les projets à partir de 2020. Il s’agit aussi « d’accroître significativement la part de projets ayant recours au BIM sur toutes les phases (conception/construction, neuf et rénovation) et sur l’exploitation ».
Plateforme collaborative pour les TPE/PME
La signature de cette charte intervient au moment où la plateforme collaborative pour le BIM dédiée aux TPE/PME est mise à disposition gratuitement sur le site web du PTNB. « Son développement a débuté il y a plus d’un an et s’est appuyé sur les organisations professionnelles, afin de partir des besoins de leurs membres », a rappelé Bertrand Delcambre, président du PTNB. Depuis mai 2017, 300 utilisateurs actifs testent l’outil au travers 17 projets différents. « Il s’agit de tenir compte de leur retours d’expérience pour améliorer la plateforme », explique Julien Soula, chef de la division maquette numérique et ingénierie concourante au CSTB.
Version béta jusqu’à l’été 2018
Comment fonctionne-t-elle ? Elle agrège de nombreux outils pratiques (discussion via chat ou webcam, webinar, organisation de réunion, synchronisation d’agenda…) avec des outils métiers : le viewer eveBIM du CSTB, un assistant de vérification de la qualité des maquettes numériques et des calculs de grandeurs physiques. « Un artisan peut ainsi consulter une maquette numérique en IFC ou au format mvdxml et en extraire les quantitatifs qui l’intéresse », présente Nicolas Pastorelly, chef de la division construction connectée et intelligente au CSTB. Si les données du modèle numérique ne peuvent pas être modifiées, il est possible de réaliser des annotations au format BCF. L’ensemble est stocké sur les serveurs français de la société Online avec une sauvegarde journalière pour cette version béta. En effet, la plateforme, si elle est accessible à tous, est encore en phase de test jusqu’à l’été 2018.
Afin de l’étoffer, le CSTB et le PTNB viennent de lancer deux appels à manifestation d’intérêt à destination des éditeurs de logiciels et des start-up. L’objectif : identifier et sélectionner des outils susceptibles de s’y intégrer, à l’instar de WiseBIM. La start-up propose déjà des « conversions » de plans 2D au format .jpg, .pdf ou autre en modèle numérique paramétrable.