Tout ce beau monde s’est retrouvé le 17 novembre à la conférence «BIM or not to BIM» de l’association Architecture et maître d’ouvrage (AMO) à Strasbourg, pour écouter quatre hommes avertis de la chose, représentatifs de la chaîne de la construction: Christophe Lheureux, directeur délégué à la maîtrise d’ouvrage du bailleur Immobilière 3F, les maîtres d’œuvre François Pélegrin (architecte) et Frédéric Debureau du bureau d’études Coméode et le fabricant Christophe Kleck, chef de marché chez Rector et pilote de la commission BIM du Groupement Industrie Promotion (GIP).
Dans le registre de l’optimisme, François Pélegrin est allé le plus loin. «Le BIM, c’est simple et ludique et cela apporte transparence et confiance. Pour celui qui est déjà à la 3D, le passage au BIM n’est qu’un petit pas», a-t-il assuré, non sans susciter des mouvements de surprise dans la salle. «Pour celui qui est encore à la 2D, c’est évidemment une autre histoire»…. qui n’est pas neutre financièrement de surcroît: l’architecte avance, pour ce second cas, un montant d’investissement de 15 000 euros par poste de travail, une estimation validée par Immobilière 3F. Lauréat du concours BIM du Plan urbanisme construction architecture (Puca), François Pélegrin n’exprime guère non plus de doutes sur la capacité des «petits» à s’adapter: « je connais des charpentiers qui produisent leur charpente au format IFC dans les trois secondes».
En version optimiste plus mesurée, Frédéric Debureau invite à bien appréhender la partie immergée de l’iceberg BIM: «les données contenues sont au moins aussi importantes que la maquette numérique», estime-t-il.
Des réponses financières très variées
Se qualifiant lui-même d’«adhérent raisonné», Christophe Lheureux invite les maîtres d’ouvrage à «bien exprimer la finalité précise du BIM dans leur projet», de façon à obtenir la réponse la plus adaptée des maîtres d’œuvre. «Mais pour que le BIM soit plus qu’un bel outil, il faut que les maîtres d’œuvre se réapproprient la compétence exécution», avertit François Pélegrin.
Ce «marché» ne devrait pas tarder à se stabiliser, mais pour l’heure, il cherche encore sa maturité. De cette conviction qu’il exprime, Christophe Lheureux donne une traduction complète. «Pour un récent marché en loi MOP sur un projet de 10 millions d’euros, nous avons inscrit une ligne spécifique d’honoraires BIM. Les réponses des quatre architectes présélectionnés ont varié de 45 000 à 180 000 euros».
Quel risque de perte en ligne dans la transmission des données à la gestion de patrimoine et à la gestion locative ? Quelles garanties de bonne compatibilité avec les logiciels existants ? Quelle capacité des industriels à apporter l’information la plus exhaustive sur les produits ? Les participants sont repartis avec ces questions sur la nouvelle révolution, promptement rebaptisée «bouleversement interprofessionnel majeur». Et, pour les moins convaincus, avec cette autre interrogation en guise de boutade par laquelle ils ont reformulé l’intitulé de la conférence: à qui profite le BIM… en dehors des éditeurs de logiciels ?