Une page se tourne dans la relation entre ADN Construction et Building Smart France. Après plusieurs années d’opposition plus ou moins larvée, l’arrivée de Franck Hovorka à la présidence de Building Smart France l’été dernier marque un changement de cap.
« Notre objectif commun est d’atteindre une réelle continuité numérique entre tous les acteurs depuis l’investisseur et le promoteur, jusqu’à l’exploitant, en passant, bien sûr par la maîtrise d’œuvre et le constructeur. Pour y parvenir, il est nécessaire de mener plusieurs actions en parallèle, et c’est ainsi que nous allons œuvrer désormais », résume le nouveau président de BSF, qui est aussi directeur de l’innovation de la FPI.
Dictionnaire des propriétés des objets BIM
Plusieurs actions du Plan BIM 2022 sont ainsi portées conjointement par ADN et BSF, c’est le cas par exemple du dictionnaire d’objets BIM créé à l’origine par le Plan de transition numérique pour le bâtiment (PTNB). « Nous avions du mal à le faire vivre car il a besoin à la fois de pouvoir fonctionner de façon autonome sans subvention, et en même temps, d’être enrichi avec davantage de propriétés et d’objets », rappelle Benoît Senior, secrétaire général d’ADN Construction. BSF a ainsi répondu à un appel d’offres avec l’Afnor et BN Tech afin de travailler sur deux aspects : le modèle économique et la gouvernance d’une part, et le côté technique d’autre part.
Il s’agira, dans ce deuxième volet, d’identifier les meilleures technologies disponibles pour faire vivre ce dictionnaire et l’insérer dans l’écosystème des dictionnaires de propriétés à l’international. « Nous avons l’avantage de travailler avec partenaires industriels déjà très présents à l’international, qui sont à la fois membres de l’AIMCC, d'ADN et de Building Smart France. Cela facilite les choses pour être audibles au sein de Building Smart International », insiste Franck Hovorka.
Poursuivre la digitalisation des infrastructures
Un autre domaine dans lequel ADN Construction peut s’appuyer sur BSF est celui des infrastructures.
En effet, après les deux saisons du programme Minnd (2014-2019 puis 2019-2022) dédié à la modélisation des infrastructures et à la structuration de leurs données, c’est le programme Atlas qui va prendre le relais.
Ce programme bénéficie d’un budget de 10,5 millions d’euros sur trois ans et vise à mettre au point un socle de la transformation numérique des filières industrielles. Il est porté par quatre organisations de pré-normalisation (l’Association française des utilisateurs du Net (Afnet), Minnd, l’Association française d’ingénierie système (Afis) et l’Alliance industrie du futur) en partenariat avec l’Afnor. Minnd en fait déjà partie et Atlas finance également un projet sur le jumeau numérique pour définir et illustrer les cas d’usages.
Par ailleurs, BSF organise en janvier prochain à Lyon, le colloque InfraBIMOpen, qui concerne spécifiquement les infrastructures et le numérique, avec le rail, la route, les tunnels, etc, mais aussi le matériel roulant.
Utiliser le jumeau numérique pour le reporting environnemental
Enfin, troisième volet de ce travail commun, où Building Smart France veut particulièrement s’investir réside dans le jumeau numérique. « L’enjeu majeur est de basculer vers la continuité numérique qui ne peut exister qu’à condition que les acteurs convergent sur les standards et les outils partagés ou sur des grilles de traduction entre ces outils. La notion de convergence est donc cruciale », pointe Franck Hovorka, avant d’ajouter : « L’outil n’a d’intérêt que vis-à-vis de ses objectifs qui sont le gain de productivité en conception/construction tout d’abord, mais aussi l’utilisation des données issues du jumeau numérique dans le cadre du reporting environnemental, en particulier sur le carbone. »
« Nous sommes là pour sensibiliser tous les acteurs aux échéances incontournables comme la RE 2020 », ajoute Gilles Charbonnel, président d’ADN Construction. Et justement, pour réaliser l’analyse de cycle de vie d’un bâtiment il est nécessaire de maitriser les quantités de matériaux mis en œuvre et d’avoir accès à leurs Fiches de déclaration environnementales et sanitaires (FDES).
« L’enjeu est crucial, car nous ne pourrons pas réaliser de pilotage carbone ou environnemental d’un bâtiment sans maîtrise des outils d’accès aux données et à leur gestion », rappelle Franck Hovorka.