Les consciences se sont éveillées vers les années 2010. « Les acteurs ont commencé à comprendre que le granulat pour béton n’était pas une ressource renouvelable, que celle-ci pouvait s’épuiser. La question du recyclage du béton s’est alors posée, dans un contexte où la France accusait déjà un retard par rapport aux pays du Nord de l’Europe », se remémore François de Larrard, directeur scientifique du projet Recybéton.
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Neuf ans plus tard, les acteurs français ont enfin réussi à combler leurs lacunes. Des six années du projet national de recherche Recybéton (2012-2018), les 47 partenaires (maîtres d’ouvrage, entreprises de construction, producteurs de matériaux, ingénieries, assureurs et organismes de recherche) ont tiré de nombreux enseignements.
Diffuser les bonnes pratiques
« Nos travaux montrent qu’il est possible d’aller plus loin que les limites réglementaires actuelles, qui fixent les taux de recyclage entre 20 et 30 % de gravillons recyclés. Il est tout à fait possible aujourd'hui de monter jusqu’à 60% de réutilisation pour les gravillons, et à 20 % pour les sables sans altérer la qualité des constructions », assure le directeur scientifique.
Autant d'arguments qui encouragent à mettre en place de nouvelles habitudes sur les chantiers. « Aujourd’hui, après démolition, la plupart des bétons sont utilisés en plate-forme routière ou en remblai. Mais ils ne sont pas réutilisés en construction, avec une pleine utilisation de leurs propriétés mécaniques », regrette François de Larrard.
Encore des progrès à faire
Les bonnes pratiques devraient se diffuser progressivement, mais elles prennent du temps. Débuté il y a six mois, le chantier de l'écoquartier Lavallée, à Châtenay-Malabry (92), ambitionne ainsi de recycler plus de 90% des bétons issus de la démolition, dont certains en construction. Mais ce type d'initiative reste encore isolée. « Les résultats de Recybéton commencent seulement à être intégrés dans les process industriels », relève le directeur scientifique.
Ce mardi 12 mars marque une nouvelle étape pour le projet , puisque les partenaires débutent leur tour de France. Après Paris, ils se rendront à Bordeaux (le 9 avril), à Aix-Marseille (le 28 mai), à Strasbourg (le 6 juin), à Lille (le 11 sept) et enfin à Nantes (le 24 octobre) pour diffuser les bonnes pratiques auprès de la profession. De quoi donner un nouveau coup de pouce à la réutilisation sur les chantiers.