Ces 160 mètres-là de voirie à Besançon (Doubs) doivent faire école en matière de lutte contre les îlots de chaleur. Dans la rue Gambetta, la communauté urbaine Grand Besançon Métropole (GBM) a livré, fin avril, l'opération qu'elle définit comme son modèle d'introduction d'espaces verts et d'infiltration sur place des eaux dans des lieux jusqu'alors entièrement minéraux. La désimperméabilisation a concerné 60 % du linéaire de la rue datant du XIXe siècle, soit une surface de 1 600 m2 sur 10 m de large, pour un montant d'opération de 1,1 M€ TTC cofinancé par le fonds vert de l'Etat et l'agence de l'eau Rhône-Méditerranée-Corse. Sous maîtrise d'ouvrage du département urbanisme-grands projets urbains de GBM et sous maîtrise d'œuvre de sa direction des grands travaux, le chantier a notamment été réalisé par Sogea (réseau d'eaux pluviales), Eurovia (voirie) et Verdalis (pavage).
Joints de sable décisifs. Posés sur les zones pavées au pied des façades et sur une partie de la bande roulante large de 3,50 m, les joints de sable jouent ici un rôle majeur. « Ils assurent la percolation des eaux pluviales sur place, une source de rafraîchissement des sols et aussi d'évaporation naturelle lors d'orages et de grosses chaleurs », décrit Thierry Bedu, paysagiste à la direction des grands travaux. Pour gérer les épisodes de fortes précipitations, un dispositif de surverse a été installé dans les caniveaux. Ceux-ci disposent d'une double ouverture, l'une pour évacuer la pluie vers le réseau dédié, l'autre pour irriguer les végétaux plantés dans 50 à 70 cm de pleine terre. Composés principalement de 41 arbustes et arbrisseaux et d'un grand arbre, ils ont été choisis majoritairement parmi les essences locales : noisetiers, saules, cornouillers, frêne à fleurs…
Les joints de sable présentent un autre intérêt : « Leur pose et leur dépose sont aisées. Nous avons recherché des aménagements de ce type pour ne pas les figer dans le temps et faciliter les futures interventions sur les réseaux », souligne Jean-Christophe Gagnaire, directeur des grands travaux. Parmi ces solutions, figurent les massifs en béton préfabriqués sur lesquels reposent les plinthes en acier autopatinable qui enveloppent les espaces verts. Un système de double feuillure permet d'y insérer un mobilier composé d'éléments séparables en bois et en acier, aisément déplaçables.
Enfin, du point de vue de la perméabilité, le joint de sable vient compenser le choix du granit comme matériau des nouveaux pavés. Venus des carrières de Senones (Vosges), ceux-ci présentent une teinte légèrement rosée, suffisamment claire pour s'accorder avec celle, alliant le gris-bleu et le blond, de la pierre locale de Chailluz qui habille les immeubles des façades bisontines. Leur pose a suivi les recommandations du guide du Centre technique de matériaux naturels de construction (CTMNC).
Les principes de ce chantier vont inspirer le réaménagement, jusqu'à courant 2025, de l'îlot en bordure du centre historique formé par la place du 8-Septembre et les rues de la République et Proudhon, la seconde ayant démarré ses travaux le 13 mai. Voisines de la rue Gambetta, les deux voies affichent le même profil « haussmannien » rectiligne.