Lorsqu'en 1975, le vieux Bayonne (82 hectares) est classé secteur sauvegardé, le diagnostic alors réalisé dans le cadre du plan de sauvegarde et de mise en valeur confirme ce qu'indiquait déjà le nombre croissant de logements vacants : les quartiers dits du Grand et du Petit Bayonne sont devenus structurellement inhabitables... Les îlots sont, en effet, construits à 98 %, les 2 % restants étant composés de courettes ou de puits de lumière surmontés de verrières. Résultat : dans les appartements, une pièce sur trois est aveugle, et la plupart des fenêtres donnent sur des cours sombres. Certains logements sont même coupés en deux par les parties communes...
Très vite s'impose à la ville le principe d'une dédensification par curetage des coeurs d'îlots. Mais l'idée mettra plus de quinze ans à trouver sa traduction concrète. Car les services de l'Etat, garants des secteurs sauvegardés, prônent, eux, une restauration strictement à l'identique, sans démolitions. C'est Alexandre Mélissinos qui débloquera la situation en 1991. L'architecte, pour qui la conservation des ensembles urbains doit aussi permettre « de continuer l'histoire », est chargé par le ministère de l'Equipement (alors responsable des secteurs sauvegardés) de réactualiser le plan de sauvegarde. Non seulement il approuve les curetages, mais il les quantifie. Quelque 6 000 m2 d'emprise au sol doivent être détruits. L'espace libéré permettra à terme de multiplier par 1,5 la surface libre des îlots, d'apporter de la lumière et de créer de grands appartements. L'Opah du secteur sauvegardé de Bayonne « Coeur de ville », qui porte uniquement sur des opérations avec curetage, est lancée en 1994, puis prolongée jusqu'à la fin 2000.
Les curetages ont permis de rénover 35 immeubles en six ans, et d'améliorer considérablement le confort des logements. Les pièces aveugles ont été supprimées, et 95 % des pièces principales bénéficient désormais d'un éclairage direct (contre 42 % avant travaux). L'amélioration de l'habitabilité se solde par une perte de 18 % de la surface habitable, mais elle a considérablement modifié l'allure du vieux Bayonne. Une transformation à laquelle l'office municipal d'HLM a participé activement, soit en réhabilitant pour son compte, soit en tant qu'initiateur de projets, revendus ensuite au titre de la loi Malraux. Aujourd'hui, quelque 1 720 logements sur 4 000 ont ainsi fait peau neuve, ramenant de nombreux habitants au centre-ville.
FICHE TECHNIQUE (p.131) :
Eléments quantitatifs : logements concernés par les Opah (1998, 1999, 2000), 115 logements au total (dans un secteur sauvegardé de 82 hectares et de 4 200 logements)
Montant de travaux : 65,2 millions de francs (dont subventions Anah, 17,8 millions de francs et subventions ville-région, 3,7 millions de francs)
Programmation : les exigences de réhabilitation sont fixées de concert par la ville, l'architecte des Bâtiments de France et l'architecte en charge du secteur sauvegardé
Partenariats : tous les dossiers des propriétaires (85 % de propriétaires bailleurs) sont examinés à la fois par le Pact, la ville, l'ABF et l'équipe opérationnelle ; les services techniques de la ville assurent un rôle de synthèse et de « facilitateur » des projets
Opérateur : le Pact du Pays Basque assure l'animation des Opah, le montage des dossiers et l'étude de faisabilité financière
PHOTOS :
L'OPAH «Coeur de ville» s'exerce sur des îlots denses qu'il s'agit d'aérer et d'éclairer.
