Il n’est pas de semaine sans qu’un grand nom de l’installation électrique et du génie climatique annonce une nouvelle acquisition. Les motivations des groupes tels que Vinci Energies, Ineo, Forclum, Cegelec, Spie ou ETDE sont connues : renforcer leur maillage géographique pour être au plus près du client et développer des compétences pour proposer des offres multitechniques. Mais que cache ce terme fourre-tout ? Aucun standard n’existe et cette expression recouvre des réalités différentes.
Entreprise générale technique. Il s’agit, en phase travaux, de confier à une seule entreprise les lots des corps d’état techniques traditionnellement séparés. Ainsi, les génies électriques courants faible et fort s’associent très bien à la gestion centralisée du bâtiment et à la protection anti-intrusion. Il en est de même pour le chauffage, la climatisation, la plomberie et la protection incendie. Et les plus avancés dans l’offre globale parviennent à tout regrouper. « C’est ainsi qu’une même entreprise est cohérente sur la conception et la construction de tout ce qui circule dans un bâtiment, explique Jean-Yves Le Brouster, P-DG de Vinci Energies. Car la complexité de ces métiers, ce n’est pas l’installation en soi mais bien de prévoir où les fils et tuyaux vont passer et d’assurer une mise en œuvre parfaite. » Une analyse partagée par Gaëtan Desruelles, P-DG d’ETDE (Bouygues Construction) : « Nous avons des compétences en installation électrique générale et en génie climatique dans toutes nos agences, et des pôles de compétences très spécialisés qui interviennent sur les grands chantiers en fonction des besoins », assure-t-il. Quant à Michel Cantet, directeur général de Cegelec France, il parle « d’entreprise générale technique ». L’électricien spécialisé dans les courants faibles serait-il donc condamné ? Loin de là. Même dans les grands immeubles tertiaires, les lots techniques peuvent rester séparés. C’est la politique de Nexity Entreprises, qui préfère diviser les lots au plus fin : « Cela nous donne une grande souplesse et permet de nous adapter en temps réel aux volontés du client final », commente Albert Querou, directeur général adjoint.
Séparation. Jean-Claude Guillot, P-DG de l’entreprise d’installation électrique SNEE, estime que « le multitechnique reste circonscrit aux majors, qui ont construit une relation étroite avec une grande clientèle privée. Dans les marchés ouverts, qu’ils soient publics ou privés, la séparation des lots électricité et génie climatique reste la règle. » Les majors ne s’y trompent pas : « Je ne vois pas, actuellement, une tendance lourde vers ce type de marché », analyse Michel Cantet. Guy Lacroix, P-DG d’Ineo, défend une autre analyse : « Certes, le multitechnique ne représente pas une part importante de notre chiffre d’affaires, mais c’est une tendance réelle du marché. Demain, nous ne travaillerons plus à l’ancienne, en corps d’état séparés. » Il encourage donc les équipes d’Axima, de Seitha (génie climatique) et d’Ineo (électricité), toutes filiales de Suez Energie Services, à travailler ensemble. Sans pour autant les fusionner : « Ce sont des métiers trop différents. »
