Une piscine à deux versants

Trente ans après sa construction, la piscine de Saint-Méen-le-Grand (Ille-et-Vilaine) est aujourd'hui méconnaissable. « L'un des enjeux du projet de rénovation- extension, livré en avril 2023, était de redonner une identité à cet équipement public qui avait plutôt le caractère du pavillonnaire », explique Thomas Durand, l'un des trois architectes associés de l'agence Raum. L'édifice d'origine, remanié à plusieurs reprises, présentait une structure semblable aux maisons alentour : des murs maçonnés, une charpente bois et une couverture d'ardoises d'où émerge une cheminée. Si la toiture est restée telle quelle, les façades en enduit jaune ont disparu sous une isolation thermique et un bardage en douglas noir. Ce dernier revêt les volumes anciens conservés, mais aussi ceux nouvellement construits, de manière à former un ensemble homogène. La diversité des blocs imbriqués est également estompée par l'utilisation des mêmes ardoises sur la totalité des toits.

Un second bassin. A la demande de la communauté de communes Saint-Méen Montauban, maître d'ouvrage, l'accès à la piscine a été chamboulé. L'entrée, auparavant située côté est, s'effectue à présent côté ouest, en lien direct avec les autres équipements sportifs de la ville - terrain de football, club de tennis, skatepark - et les transports. L'arrière est ainsi devenu l'avant, ce qui a entraîné la transformation d'un local technique en hall d'accueil. Dehors comme dedans, la perspective est inédite puisque deux bassins s'offrent désormais aux baigneurs et non plus un seul. Le premier est d'usage ludique ; tandis que le second, long de 25 m, est d'usage sportif.

« Nous avons procédé par soustraction, puis par addition », indique Thomas Durand. Dans le bassin ludique, les panneaux acoustiques suspendus à la charpente ont été ôtés et remplacés par d'autres habillant toute la sous-face du toit. De plus, les fermes ont troqué leur teinte vert d'eau pour un blanc neige. Cette couleur, appliquée du sol carrelé au plafond, apporte plus de luminosité à l'espace. Et pour que la lumière naturelle inonde la piscine, de grandes baies vitrées ont été positionnées un peu partout : du hall aux vestiaires, en passant par les façades. La plus grande d'entre elles longe le bassin sportif. Constituée d'un mur-rideau, elle offre une vision panoramique sur l'abbatiale Saint-Méen située en face, et sur le terrain de foot en contrebas.

Si la nouvelle halle de baignade fait écho à l'ancienne en adoptant un mode constructif identique, la charpente bois, elle diffère toutefois par son volume dégagé de toute structure. « La double hauteur donne une grande respiration au- dessus du bassin, remarque Thomas Durand. A sa périphérie, le plafond est plus bas pour cadrer la vue sur le paysage. » Le regard traverse les locaux de stockage de matériels, jusqu'au centre culturel voisin, grâce à des parois ajourées en aluminium. En ouvrant l'horizon de la piscine à 360°, l'agence Raum l'a métamorphosée et l'a reconnectée à la ville.