Vous proposez d'abriter une grande partie du programme du nouveau quartier de Fives, à Lille, sous des halles industrielles existantes.
L'usine a longtemps été le cœur vivant et actif de Fives. Fallait-il démolir complètement cette usine ou en conserver quelques éléments, comme la Ville nous le demandait ? Notre réponse a été d'affirmer que ces halles constituaient une matière qu'il fallait ranimer. On n'est pas en présence d'un patrimoine d'exception, qui permettrait d'arbitrer en faveur de tel ou tel bâtiment. L'enjeu de mémoire réside dans la capacité de toutes les halles à accueillir des programmes innovants, dans l'échelle du site, la monumentalité et l'étrangeté de l'usine.
Comment comptez-vous réemployer ces bâtiments ?
La capacité des halles permet d'envisager des programmes très variés, mais cette programmation doit se mettre en place progressivement, car l'objectif n'est pas de les remplir à tout prix. Nous réfléchissons avec le bureau d'études PRO-développement à une programmation inventive, à des espaces utiles, mutualisés et économiques. Pour le moment, deux équipements sont d'ores et déjà bien engagés : la bourse du travail et un lycée hôtelier international.
Remettre ces halles en fonctionnement, c'est aussi, selon vous, un moyen d'introduire une complexité urbaine intéressante dans ce nouveau quartier.
Les friches industrielles, portuaires ou militaires sont considérées comme des opportunités foncières pour les écoquartiers, mais on préfère démolir les bâtiments existants en gardant quelques traces, et créer des ZAC ex nihilo, au risque de réaliser des quartiers d'une extrême banalité. Ces friches sont pourtant des pièces urbaines fortes, qui peuvent apporter une complexité et une identité très marquées dans ces nouveaux quartiers. Le développement durable, c'est commencer par conserver, et faire avec. Cela ne se limite pas seulement à réaliser des bâtiments performants sur le plan énergétique.
