Pour lancer une filière industrielle de la construction bois et chanvre en circuit court, la SAS Wall’up rassemble sept associés : trois entreprises de charpente bois, les deux chanvrières franciliennes, un architecte impliqué dans la filière chanvre et un innovateur breton, le seul non francilien parmi les fondateurs. L’Etat et la région Ile-de-France ont apporté leur concours au financement de cet investissement -évalué dans une fourchette de 2 à 3 millions d'euros - en plus d’un emprunt bancaire.
Procédé innovant
Sur le site de la chanvrière Planète Chanvre à Aulnoy (Seine-et-Marne), une usine de 2000 m2 servira de vitrine au concept de façade inventé par Christophe Lubert, dirigeant de LB Ecohabitat à Bédée (Ille-et-Vilaine).
Le système constructif associe une ossature bois au béton de chanvre, dont les propriétés isolantes et hygrométriques garantissent un confort d’usage sans climatisation.
L’usine créera une trentaine d’emplois, dont 25 en production. La mise en service devrait intervenir dès cette année.
Plusieurs avis techniques en cours d’instruction encadreront le procédé industrialisé par Wall’up, conforme aux règles professionnelles élaborées par l’association Construire en chanvre, sous le contrôle de l’Agence qualité construction. Les quatre heures de test de résistance au feu pratiqué en 2019 par le Centre d’études et de recherches de l’industrie du béton sont venues apporter une garantie supplémentaire à la solution mixte chanvre bois.
Frémissement olympique
« Plusieurs opérateurs des JO 2024 nous ont déjà contactés », annonce l’architecte Philippe Lamarque, président de Wall’Up. Intéressé par ce marché phare auquel contribue le groupe Eiffage avec un lot dédié aux solutions mixtes bois chanvre, la start-up industrielle n’a pas construit son business model sur les JO : « En dehors de tout effet d’aubaine, nous comptons sur une montée en puissance progressive », précise Philippe Lamarque.
Plusieurs commandes fermes, assorties de clauses de confidentialité, sont venus conforter les espoirs des fondateurs. Wall’up, qui pressent une demande potentielle sur l’ensemble du territoire, réfléchit à un déploiement national d’unités de production au service de marchés régionaux. L’usine pionnière d’Aulnoy servirait de modèle de réindustrialisation du territoire en circuit court.
Pionnier angevin

Leader mondial de la production de semences industrielles en chanvre, la coopérative agricole Hemp'it met en valeur les qualités du béton de chanvre dans son siège social en cours de finition à Beaufort-en-Anjou (Maine-et-Loire).
Autour de cette même idée de filière de proximité, une autre vitrine du chanvre construction fera l’objet d’une mise en service dès le mois de mars : leader mondial de la production de semences de chanvre, Hemp’it prépare l’inauguration de ses nouveaux bureaux à Beaufort-en-Anjou (Maine-et-Loire), après un investissement de 870 000 euros pour 480 m2.
L’agence nantaise d’architecture Can, membre de l’association Construire en chanvre, a agencé le show-room de la coopérative, conçu pour une exploitation sans climatisation. « Le chauffage d’appoint sert surtout à rassurer les utilisateurs », précise Margaux Pétillon, associée de l’agence Can.
Ce projet associe deux déclinaisons de la plante : la laine dans les cloisons dont l’isolation mélange le chanvre, la ouate et le lin ; la paille malaxée dans la chaux et projetée sur site dans les murs à ossature bois.
Hemp’it et Can ne vont pas en rester là : la coopérative a déposé le permis de construire sa future usine à la mi-février. L’architecte creuse la piste d’un nouveau démonstrateur de l’utilisation du chanvre en bâtiment industriel.