Par leur modernité, leurs innovations et leur prisme digital en phase avec les nouvelles réalités socio-économiques, les start-up séduisent de plus en plus de groupes multinationaux, qui ne voient que des avantages à favoriser l’essor des plus prometteuses d’entre elles.
Comme Leonard pour le groupe Vinci, Nova joue ce rôle d’accélérateur pour Saint-Gobain, ciblant, sur les cinq continents, les projets crédibles, porteurs, qualitatifs. Et ce sur quatre créneaux : bâtiments durables et performants, technologies de la construction, économie circulaire et décarbonation de l’industrie.
Accélération constante de l’innovation
« Pour chaque start-up dans laquelle nous investissons, nous restons minoritaires, en n’excédant pas les 20 % de capital détenu », précise Basma Kharrat, vice-présidente « external venturing » chez Saint-Gobain. Cette dernière situe le ticket d’entrée dans une large fourchette comprise entre quelques centaines de milliers et quelques millions d’euros. Une manne pour les entreprises choisies, un investissement mineur pour la multinationale.
« Pour nous qui pesons plusieurs dizaines de milliards d’euros de chiffre d’affaires, de tels investissements ne chamboulent pas notre modèle économique », poursuit-elle. « Cependant, l’investissement est un outil de renforcement d’une collaboration préexistante ou en cours d’établissement, et ne doit se faire qu’au service d’une contribution à l’accélération constante de l’innovation. »
Antithèse et complémentarité
Pour Saint-Gobain, l’intérêt d’investir dans des start-up est réel ; axées sur la technologie, disruptives, petites, agiles et bénéficiant d’un rythme de croissance rapide, elles sont l’antithèse du modèle du grand groupe. Mais une antithèse complémentaire. « Dans le métier de la venture, il y a beaucoup d’investisseurs intéressés, ce qui crée une forte concurrence avec d’autres industriels pour les start-up les plus séduisantes », développe Basma Kharrat. « Si nous ne signons pas de contrats d’exclusivité avec les entreprises que nous accompagnons, il est malgré tout difficile d’être co-investisseurs en compagnie d’autres grands acteurs. »
Néanmoins, l’objectif de Saint-Gobain est de booster, de dynamiter l’essor des jeunes pousses pour qu’elles puissent ensuite continuer de croître par elles-mêmes. « Il faut bien choisir notre moment pour nous retirer du capital d’une entreprise, car la présence de Saint-Gobain est aussi un gage, un argument-massue pour attirer les investisseurs et concrétiser les levées de fonds », poursuit la vice-présidente. Durant le temps d’accompagnement de l’industriel, toute la difficulté réside dans le fait de trouver le bon équilibre entre une présence constante ou, à l’inverse, trop parcimonieuse. A date, le groupe a des parts dans plus de 55 start-up.
Relever ou non le pari
Préalablement, le travail de détection est aussi conséquent. Chaque année, les équipes de Nova rencontrent environ 1 000 start-up disséminées partout dans le monde, grâce aux 16 personnes réparties aux quatre coins du globe et chargées de mailler avec précision leur zone géographique attribuée. Les marchés européen (43 %) et nord-américain (45 %) sont les plus conséquents.
« Un collaborateur rencontre en moyenne 80 à 100 boîtes par an », précise Basma Kharrat. Un premier écrémage est effectué, notamment en fonction du niveau de croissance des entreprises. « Nous entrons au capital lorsqu’elles sont suffisamment matures pour présenter un produit fini, concret, tangible ; même s’il ne génère pas encore de revenus, il nous faut un minimum de visibilité et de garanties pour se projeter et décider ou non de relever le pari », affirme la dirigeante.
En 2024, plus de 20 nouvelles collaborations ont été actées, pour cinq nouveaux investissements. « Des événements tels que la Construction start-up competition, que nous organisons en compagnie de huit partenaires, dont Leonard, ou le salon Slush, en Finlande, sont de bons spots de détection », conclut-elle.