Plus de deux ans après l’attribution du concours à un groupement Aecom Limited, AIA Associés, AIA Ingénierie, Tractebel, Natacha Morin Innocenti, la mise en place de la base vie et des travaux de protection contre le bruit et la poussière sur l’actuel hôpital et les avoisinants (double vitrages, paroi de protection, etc.), la Principauté de Monaco vient d’engager la « phase 0 » du futur Centre Hospitalier Princesse Grace (CHPG). Prévu au total en 5 phases, ce méga-chantier urbain (85 000 m² SDO, un investissement évalué à 683,5 millions TDC en janvier 2015) devrait pratiquement durer 15 ans. C’est le délai qui va en effet être nécessaire pour édifier un nouvel équipement de pointe de 394 lits et places, doté de chambres individuelles avec vue mer et en mesure de répondre aux besoins de santé d’un bassin de vie transfrontalier de 125 000 personnes.
Une façade habille de brise soleil en BFUHP
Réalisé sur une emprise très réduite (une zone en dénivelé, traversée par une double avenue, l’avenue Pasteur haute et basse), à proximité de l’actuel centre hospitalier qui devra être maintenu en fonctionnement pendant tout le chantier, le nouveau CHPG, dessiné par l’agence AIA Associés, sera comme un « balcon sur la mer ». Sur une infrastructure et un socle de neuf niveaux recouverts de végétation, comportant les parkings (534 places), les avenues Pasteur haute et basse réaménagées, les plateaux techniques et logistiques, vont être édifiés les différents corps de bâtiments (10 niveaux au total), eux-mêmes posés sur un belvédère de 3500 m². Avec un accès très ouvert sous de grandes voûtes, ces bâtiments seront disposés en corolle, avec des ouvertures, des patios intérieurs et des jardins suspendus. Le point fort architectural du projet sera l’immense ombrière blanche ondulante, qui va envelopper toutes les façades sur 15 000 m². Constituée d’un assemblage de brise soleil horizontaux suspendus (trois lames par plancher) en BFUHP, elle formera une trame complexe, formée de courbes et de lignes. Ces lames seront suspendues et raidies par une poutre pli en forme de gorge au droit de la liaison avec les planchers et seront traversées de fins poteaux. Mis bout à bout, la fabrication de ces pièces de 3,6 m de long et de 1,3 m de large va représenter une distance de quelque 21 km. Cette enveloppe jouera aussi un rôle thermique essentiel, en ménageant de l’ombre et en laissant l’air circuler autour du bâtiment. C’est un des aspects de la conception bioclimatique de ce projet qui utilisera également des pompes à chaleur haute performance à l’eau de mer, permettant d’assurer simultanément une production de chaud et de froid.
Des investissements pour maintenir l’hôpital actuel
La phase 0 qui vient de s’engager devrait être livrée au 2ème trimestre 2019. Elle va nécessiter 40 000 m3 de terrassement et la mise en œuvre de la panoplie complète des techniques de soutènement et de fondations pour réaliser ce socle. « Il s’agit de la phase la plus complexe du chantier, en raison d’une emprise limitée et de la proximité de l’hôpital actuel. D’où le choix de réaliser une infrastructure d’enfouissement limité » explique Yannick Valet, directeur de projet au service des Travaux Publics de Monaco. Deux grues et une centaine de personnes en pointe seront mobilisées pour ces travaux qui ont été décomposés en un macro-lot voirie, fondation, terrassement et gros œuvre et une série de lots techniques complémentaires avec une priorité donnée aux entreprises de BTP monégasques.
Suivra en 2020-2021, la livraison de la phase 1 (les deux ensembles au sud soit 60% de l’hébergement et les plateaux techniques) et les premières démolitions puis en 2024-2025 la phase 2 (une troisième aile, soit 80% des surfaces réalisées) et en 2028 la phase 3 (achèvement du socle et hôpital complètement opérationnel). En 2029, le foncier disponible sera totalement utilisé avec la création d’une quatrième aile, dédiée à la psychiatrie. A noter que pendant toute la durée des travaux, Monaco continuera à investir sur l’hôpital actuel pour le maintenir à niveau, à hauteur d’une dizaine de millions d’euros par an.
Recours au BIM
Au plan de la mise au point du projet, les études de ces différentes phases se poursuivent et mobilisent avec les travaux jusqu’à 35 personnes au sein d’AIA Associés. En 2018 est prévue notamment la consultation des entreprises pour la phase 1 et pour les brise soleil, un prototype va être réalisé avant le choix du fournisseur. « Nous avons mis en œuvre dès le début sur cette opération complexe une plateforme BIM qui permet d’appréhender le projet dans sa globalité : les trois dimensions de l’espace et des organes techniques, la dimension temporelle de la mise en œuvre et enfin la dimension économique. L’apport de cet outil est essentiel » souligne Jérôme Bataille, directeur associé de l’agence AIA. Le respect des délais et des coûts est en effet la grande priorité de la Principauté de Monaco sur ce dossier dont la finalisation va nécessiter près de 15 ans et la modélisation avec la maîtrise du programme joueront sur ce plan un rôle essentiel.
