Hervé Thiollet n’avait pas son pareil, pour passer du particulier au général. Depuis 2009, il mettait ce talent au service des joints lourds en sable polymère fabriqués au Québec par Techniseal, filiale du groupe de matériaux de construction CRH. Par le miracle de l’enthousiasme contagieux du directeur européen de la marque canadienne, le produit quasi-invisible s’est affirmé comme un maillon clé de la transition écologique. Il résumait le message par une formule choc : « Le joint du zéro phyto ». Retournant la formule selon laquelle « le diable est dans les détails », Hervé Thiollet savait convaincre que le salut est dans les joints.
Formules choc
A sa vertu environnementale, le produit qui décourage la pousse des plantes indésirables ajoute l’allègement de la tâche des poseurs. Sur ce volet social, le patron européen de Techniseal résumait sa pensée en trois verbes : balayer, compacter, mouiller. L’homme des joints se servait de ce message simple pour « construire un discours commun avec les fabricants de pavés », et convaincre ainsi les entreprises de travaux. Le succès commercial de sa marque reposait toujours sur son sens du jeu collectif.
La maladie l’a brutalement contraint d’interrompre sa stratégie de conquête de nouveaux horizons : alors que la marque avait construit sa notoriété dans l’univers du jardin des particuliers, Techniseal a commencé à changer de braquet à partir de 2015, dans les grands chantiers d’aménagement public et privé. Des dizaines de milliers de m2 de pavages avaient signé ses premières victoires sur les chantiers de Villages Nature, à Marne-la-vallée, et de la zone d’aménagement concerté, des Girondins, à Lyon, avec des grands noms des travaux publics et paysagers : Eiffage, ID Verde ou Green Style.
Jeu collectif
Le 23 novembre dernier à la journée presse de l’agence de communication Primavera, son dernier échange avec Paysage Actualités avait une nouvelle fois illustré son sens du jeu collectif : « Il faut maintenir le lien entre industriels, négoce et consommateurs », proclamait Hervé Thiollet au nom du jeune groupement VI Pro, lancé quelques semaines plus tôt au salon Batimat. Incarnation du pont entre construction et paysage, il misait sur les prochains salons de ce second univers, pour véhiculer une ambition intacte : « tirer le marché vers le haut ».
