Des bois séchés et stabilisés en diminuant de 20 à 150 fois le temps de traitement, des essences définitivement protégées contre les parasites, des gains de matière première considérables… Telles sont les promesses de Bio 3D, dont le procédé traitant les biomasses forestières par CO2 caloporteur vient d’obtenir la validation du Laboratoire d’études et de recherche sur le matériau bois (Lermab), unité mixte de l’université Henri-Poincaré de Nancy, de l’Engref (Ecole nationale du génie rural, des eaux et des forêts) et de l’Inra.
« Par ce procédé, le CO2 prend la place de l’eau dans le bois et le rend hydrophobe, empêchant ainsi définitivement son infestation par les insectes, les champignons ou les bactéries. Le traitement permet de surcroît de sécher le bois sans engendrer de désordre moléculaire. Les essences se trouvent ainsi stabilisées et embellies sans lasure ni traitement », assure Michel Dixmier, président de la société Bio 3D.
Créée en 2001, l’entreprise, dont le siège social se trouve à Paris, a d’ores et déjà déposé 16 brevets dans les domaines du traitement des bois d’œuvre, de la production d’énergie et de molécules chimiques, et de traitement des déchets organiques. Elle dispose depuis l’an dernier d’un site de démonstration sur le parc technologique universitaire de Compiègne. De taille industrielle, l’installation permet de traiter des charges de 6,80 m de longueur pour 1,20 m de largeur et 2,20 m de hauteur, conformément aux normes en vigueur.
Valoriser des essences encore peu utilisées
Validé par le Critt (Centre régional d’innovation et de transfert technologique) bois d’Epinal pour le séchage, le procédé reste en phase de test pour la stabilisation. A terme, le CO2 chauffé, puis pulsé, doit permettre de traiter toute essence de bois et de torréfier des plaquettes forestières. Bio 3D, qui a obtenu le soutien d’Oseo Lorraine, annonce de premiers partenariats avec un producteur alsacien de poutres en bois lamellé-collé et se propose de commercialiser dans les prochains mois des procédés industriels « clés en main » incluant matériels et logiciels auprès des scieurs, transformateurs, industriels et négociants.
Parmi les points forts de l’innovation figurent des gains de temps, de matière première et de productivité, une amélioration de la qualité des produits et la diminution des rejets polluants. L’optimisation du séchage peut également permettre de valoriser des bois jusqu’à présent peu utilisés tels le hêtre ou le peuplier.