Vous venez d’annoncer le lancement d’Autodesk Construction Cloud. De quoi s’agit-il ?
Il s’agissait de donner davantage de clarté et de lisibilité à nos derniers rachats. Plus précisément, nous avons harmonisé les workflows entre Plangrid, Assemble et Building Connected, trois sociétés qui ont été acquises en 2018. Ces applis sont désormais liées à notre plateforme BIM 360. Par exemple, les utilisateurs de Plangrid peuvent gérer leur chantier, les documents afférents, les collaborations entre les entreprises dans le même flux de production qui utilise également notre « viewer » développé sous Forge.
Il en va de même pour Assemble, qui permet de gérer toutes les données d’un projet en Building information modeling (BIM) sans avoir à passer par un logiciel spécifique. L’accès à cette immense base de données permet à l’utilisateur d’extraire des quantités, des surfaces, des volumes, des nomenclatures, etc. de façon très précise. Ces outils peuvent être utilisés de façon complémentaire grâce à BIM 360.
La situation est un peu différente pour Building Connected ?
Oui et non. Building Connected fonctionne également avec BIM 360 et fait partie du pack « Construction Cloud ». En revanche, cet outil qui permet la mise en relation des professionnels du BTP pour accéder aux appels d’offres ou rechercher un professionnel compétent dans un domaine précis a été développé pour les marchés anglo-saxons. La solution n’est pas disponible en France pour l’instant. De manière générale, ces solutions ont été développées pour les marchés anglo-saxons, mais Plangrid existe déjà en version française et des clients français commencent à le tester. Le déploiement spécifique pour la France est bien sur prévu même si la période n’est pas encore définie.
Vous venez également de lancer un nouvel outil de calcul de l’empreinte carbone. Comment fonctionne-t-il ?
L’outil s’appelle EC3, acronyme anglais de « Embodied carbon in construction calculator » et il a été développé en interne par nos équipes. Il permet de collecter les données environnementales des produits de construction, c’est-à-dire les « Environmental product declaration », l’équivalent américain des Fiches de déclaration environnementales et sanitaire (FDES). Il s’agit bien d’un standard outre-Atlantique, mais qui donne un ordre de grandeur en matière d’émission de CO2. A ce titre, il permet de comparer différentes hypothèses constructives afin de réduire l’empreinte carbone d’un projet. Et l’intérêt est que cet outil fonctionne aussi avec BIM 360.
EC3 représente un développement complémentaire de notre plateforme cloud « Insight 360 » qui permet de calculer les performances énergétiques d’un bâtiment, en fonction de ses systèmes de chauffage et de refroidissement, mais en prenant également en compte la typologie des matériaux, l’orientation... Il n’utilise pas le moteur de calcul de la Réglementation thermique française mais peut être utilisé comme un outil d’étalonnage d’un projet.
Depuis plusieurs années, vous mettez l’accent sur le « generative design ». Sur quels projets cette technique est-elle utilisée ?
Nous venons de travailler avec Airbus pour concevoir des cloisons à l’intérieur des avions, qui conjuguent trois caractéristiques presque antinomiques : être à la fois légères, résistantes en cas de choc et, dans l’éventualité où l’avion soit obligé d’amerrir, pouvoir flotter et supporter des personnes. Enfin, elles devaient utiliser le moins de matériaux possibles. C’est là où le "generative" design, qui permet d’imaginer une multitude de scénarios et de possibilités techniques est très utile. De même, ces algorithmes les ont aidés à revoir l’ergonomie des postes de travail des techniciens qui réalisent les dérives des A360, de façon à réduire leurs déplacements et à améliorer leur efficacité.
Le groupe s’intéresse également à la construction hors site ?
Il s’agit en effet d’une méthode constructive qui réduit les nuisances des chantiers, les délais de construction et améliore la qualité. L’un des exemples emblématiques concerne le chantier de l’hôtel Marriott en construction à New-York. Du haut de ses 26 étages, il sera le plus haut immeuble d’hôtellerie construit par un assemblage de modules en 3D. La conception a été réalisée sous Revit par l’agence américaine Dany Forster Architecture avec une contrainte forte : les tolérances des modules ne devaient pas dépasser les 3 mm dans les trois directions (x, y et z). Un impératif d’autant plus grand que les modules sont entièrement préfabriqués en Pologne, puis acheminés par des porte-conteneurs aux Etats-Unis. Malgré la distance, l’entreprise en charge du chantier, Skystone, estime que les délais de construction sont réduits de 25 % par rapport à une tour équivalente réalisée en méthode traditionnelle.