Vive le bricolage ! C'est en substance le message du ministère du Logement pour accélérer la rénovation énergétique. L'affaire vient d'une question écrite (n° 8915) adressée au ministre du Logement par Marie-Christine Dalloz, députée LR du Jura. La directrice de l'Anah "a annoncé étudier la possibilité d'ouvrir l'accès aux subventions délivrées par cet organisme aux bricoleurs chevronnés, écrit l'élue. Cette décision, qui n'apporterait aucune garantie quant à la qualité des travaux, viendrait priver les artisans et les entreprises habilitées, pourtant soumis à de nombreuses contraintes administratives et normatives, d'une grande partie des crédits alloués à ces subventions."
La réponse du ministre Patrice Vergriete, publiée le 3 octobre, souligne l'engouement des Français pour le bricolage. "Le gouvernement juge donc pertinent de s'intéresser au phénomène d'auto-rénovation, et en particulier à celui de l'auto-rénovation accompagnée (ARA), correspondant aux rénovations réalisées par le propriétaire lui-même, accompagné et conseillé par un professionnel du bâtiment, souvent en lien avec une association spécialisée. Cette forme d'auto-rénovation pourrait permettre de lever un certain nombre de freins : contrôle de la qualité des travaux, sécurité des non-professionnels, intégration des artisans locaux, etc. Ce type de pratiques pourrait ainsi contribuer à la massification des travaux de rénovation et l'atteinte des objectifs nationaux ambitieux, en venant compléter l'offre fournie par les professionnels sans logique de mise en concurrence au regard du profil des ménages souhaitant se lancer dans un projet d'auto-rénovation", écrit-il. Il rappelle que l'Anah teste un soutien financier à ces opérations avec Les Compagnons Bâtisseurs. "Ces travaux doivent notamment étudier les moyens qui permettront de lever les obstacles actuels au développement de l'ARA : le manque de cadre juridique, le contrôle de la qualité des travaux, le manque d'offres de formation des professionnels, ainsi que l'éventuelle ouverture de certaines aides financières à destination de cette pratique", écrit le ministre.
L'ouverture d'un tel financement a fait réagir la FFB. Son président Olivier Salleron s'oppose dans un communiqué à un mécanisme qui reviendrait à "promouvoir l’amateurisme dans un domaine où plus que jamais nous avons besoin de compétences acquises et mises régulièrement en pratique. Qui assurera les propriétaires en cas de travaux mal réalisés ? Pour développer le marché, il serait plus judicieux d’élargir les critères d’éligibilité de MaPrimeRénov’ à un plus grand nombre de Français". La FFB souligne la distorsion d'exigences entre la qualification RGE pour les entreprises et l'absence de contrôles sur les particuliers.