Au nord de Paris, une passerelle en bois franchit l’autoroute A1

Le dernier tronçon de tablier du franchissement de l’A1 entre Dugny et Le Bourget (Seine-Saint-Denis) a été posé dans la nuit du 8 au 9 août. La passerelle en bois de 100 m de long est une première française, et l'ensemble du projet a été pensé avec l'ambition de limiter au maximum son impact carbone. 

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La pose du tronçon central de la passerelle autorisait 5 mm de jeu, pas plus.

Et de trois. Après la passerelle reliant le Stade de France au Centre aquatique olympique puis celle qui rattache les deux côtés du village des athlètes, une troisième passerelle des Jeux olympiques et paralympiques a été posée au-dessus de l’autoroute A1 cette semaine. La mission de cette infrastructure à 14 millions d’euros : réunir le village des médias, à Dugny, et le parc des sports du Bourget qui accueillera les épreuves d’escalade.

Coupure urbaine

« Mais surtout, cette passerelle réduira cette coupure urbaine qu’est l’autoroute A1 et offrira aux piétons et aux cyclistes de nouveaux parcours et de nouveaux liens entre Le Bourget et Dugny, explique Isabelle Vallentin, directrice générale adjointe de la Solideo. D’autant que le passage routier existant, extrêmement fréquenté, n’est absolument pas propice aux mobilités douces ».

Pin Douglas du Morvan 

Particularité de l’ouvrage dessiné par Explorations Architecture : sa structure porteuse est entièrement en bois, du pin Douglas du Morvan choisi pour sa résistance. « C’est la première fois en France que l’on bâtit une passerelle en bois de 100 m de long, avec une portée centrale de 50 m entre appuis et qui enjambe une autoroute, avec toutes les contraintes que cela engendre », souligne Régis Bourguignon, chef de projet à la Solideo.

Une pose en six parties

La passerelle a été construite en lamellé-collé, technique qui lui confère les qualités mécaniques nécessaires à sa longueur et à sa portée. Préfabriquée par l’entreprise Simonin dans son usine du Doubs, elle a ensuite été séparée en dix éléments pour faciliter leur acheminement sur le site de travaux où ils ont été pré-assemblés en six parties : trois tronçons eux-mêmes coupés en deux dans leur longueur. Six nuits de fermeture de l’autoroute ont été nécessaires pour gruter, ajuster et boulonner les éléments, d’abord les deux extrémités, en juillet, puis la partie centrale en août.

Une proposition inattendue

« Quand nous avons lancé ce projet, nous n’imaginions pas le réaliser en bois, c’est l’un des trois candidats à l’appel d’offres, Colas Génie civil, qui a fait cette proposition », se souvient Régis Bourguignon. La Solideo a alors sollicité le FCBA, institut technologique du secteur bois, pour effectuer des études poussées puis valider le projet. L’usage de ce matériau, qui plus est issu de forêts françaises, « a permis de diviser par deux le bilan carbone de l’ouvrage par rapport au scénario le plus favorable que nous avions imaginé », souligne le chef de projet.

« Cet ouvrage est un message »

L’infrastructure étant hors normes, la Solideo a demandé au Cerib (Centre d’études et de recherches de l'industrie du béton) de justifier sa résistance au feu. La passerelle du Bourget mettra-t-elle fin aux réticences ? Pour Paul de Saint-André, directeur du projet pour Colas Génie civil, « cet ouvrage est un message qui annonce qu’en France, on sait construire des structures en bois, pas seulement du bâtiment mais aussi du génie civil et de l’ouvrage d’art ».

Clé de voûte

En forme d’arc, sans appuis en terre-plein central, la passerelle de 10 m de haut repose sur deux appuis en béton armé inclinés à 48 degrés au-dessus des talus de l’autoroute. « Sa stabilité structurelle n’est assurée qu’une fois qu’elle est intégralement construite, le tronçon central constituant la clé de voûte », relève Paul de Saint-André. L’ouvrage de 200 t, jusque-là posé sur des appuis provisoires métalliques, peut désormais être transféré sur ses appuis définitifs.

Etanchéité assurée

Pour garantir la durabilité de la structure dans le temps et notamment face à l’humidité, le tablier recevra trois niveaux d’étanchéité, deux couches de bitume enserrant 200 prédalles de béton et surmontées d’un revêtement en asphalte. Le platelage de béton, débordant légèrement de la structure, la protègera des pluies transversales, et une « goutte d’eau », comme une gouttière inversée sur la sous-face du tablier, évitera le ruissellement.

Remblais renforcés

Il restera ensuite à aménager les 400 m de talus permettant d’accéder à la passerelle. Situés sur d’étroites parcelles, ceux-ci devaient initialement intégrer des murs de soutènement en paroi berlinoise. « Nos concepteurs ont réussi à remplacer cette solution par des remblais renforcés, des murs de terre droits, sans aucun ouvrage de soutènement, ce qui améliore encore le bilan carbone du projet », souligne Régis Bourguignon. L’ouverture de la passerelle est prévue pour début 2024.

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