Avec un budget de 9 000 euros et pas d'électricité sur le site, il faut faire preuve d’imagination et d’intelligence! Des ressources dont ne manquent pas les architectes Maude Cannat et Rachel Méau pour cette petite bibliothèque - 164 mètres carrés - au service d’un chantier participatif économe en eau, qui a mobilisé les matériaux locaux, souvent eux-mêmes réemployés.
L'édifice, aux épais murs en pisé, est percé d'étroites fenêtres. La bibliothèque ne dévoile pas son intérieur. En y entrant, le visiteur découvre deux espaces articulés autour d'un petit patio paysager. L'un, de plain-pied depuis l'entrée est propice au travail et à la recherche. L’autre dans un renfoncement sculpté par des emmarchements en gradins, invite ce même visiteur à s'asseoir pour un moment de lecture. La forte inertie thermique des murs en terre apporte la fraîcheur à l'intérieur du bâtiment, complétée par la sur-toiture décollée et le percements en façades pour la ventilation.

La bibliothèque et son mobilier ne font qu’un. Les étagères en bois sont directement intégrées dans les parois, l’évasement des embrasures de fenêtres fait office d’assise et une longue table de travail longe le mur du patio, prête à accueillir les écoliers. Les ressources locales ont été utilisées avec minutie et parcimonie : la terre excavée pour les fondations est compactée dans les murs à l’aide de banches métalliques, le bois des coffrages est réutilisé pour le plancher, et des matériaux de récupération ont permis de réaliser les portes et toutes les finitions bois de la bibliothèque.
Les architectes responsables de l’association eskaapi, qui a encadré et piloté le projet, ont réuni une équipe d’une trentaine de volontaires internationaux et d’une dizaine d’ouvriers locaux pour travailler ensemble sur le projet. Cette bibliothèque était le premier workshop mené au village pour la nouvelle école. Depuis, trois classes supplémentaires, réalisées par trois autres équipes internationales, ont vu le jour à côté du bâtiment d’eskaapi.
