Atelier BIM Virtuel : le BIM est compatible avec la loi MOP

Les entreprises françaises, en particulier les TPE/PME, peuvent elles travailler en BIM dès maintenant ? Le BIM est-il compatible avec la loi MOP et ses lots séparés ? Pour vérifier ces points clés, le Plan de transition numérique pour le bâtiment a lancé l'Atelier BIM virtuel, qui vient de présenter ses conclusions.

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L'Atelier BIM virtuel a réalisé la conception BIM d'un ensemble de 30 logements à La Rochelle.

Les échanges sur le Building information modeling (BIM) sont souvent l’occasion d’entendre les mêmes petites phrases : « le BIM n’est pas compatible avec la loi MOP » ou « le BIM est fait pour les grosses entreprises ». C’est pour valider ou infirmer ces affirmations que l’Atelier BIM virtuel (ABV) a été lancé en juillet 2016. L’objectif du projet  porté par l'Union sociale pour l'habitat (USH), qui s’est déroulé sous l’égide du Plan de transition numérique pour le bâtiment (PTNB), était de démontrer de façon réaliste et pragmatique l’état de l’art du  BIM aujourd’hui. Il s’agissait en  particulier de voir ce que les entreprises françaises savent faire de façon concrète et optimale en BIM niveau 2 (avec échange de maquettes numérique entre les différents corps de métier, NDLR), pour une opération courante traitée en lots séparés, avec des TPE/PME, en suivant les jalons de la loi MOP. Tout cela lors des phases programmation, conception, réalisation, déconstruction et recyclage.

Les travaux ont consisté à utiliser un projet récemment livré, en l’occurrence un immeuble de 30 logements en R+3 et construit sous la maitrise d’ouvrage de l’Office public de l’habitat de l’agglomération de La Rochelle (Charente-Maritime). « Cet immeuble a été choisi car il est représentatif des opérations courantes des bailleurs sociaux », rappelle Christian Herreria, initiateur et coordinateur du projet ABV et président de Protea Conseil. Côté technique, le bâtiment est labelisé BBC-RT 2005. Il dispose d’une chaufferie gaz et d’une isolation thermique par l’intérieur.

Le BIM est accessible dès aujourd'hui aux TPE/PME

Après neuf mois d’étude, les 85 participants de l’ABV viennent de livrer les conclusions de leurs travaux. Premier résultat : ça marche ! « Non seulement, nous avons pu vérifier les avantages reconnus du BIM : meilleure compréhension du projet, accès facilité aux informations et réduction des risques d’incohérences entre corps d’état, souligne Christian Herreria. Mais surtout, nous avons prouvé qu’il est possible de concevoir, de construire et d’exploiter un  bâtiment en lots séparés, avec les TPE et les PME, en BIM niveau 2. » Dans le détail, le projet ABV fournit des retours d’expériences concrets sur les moyens d’optimiser le travail en BIM.

Ainsi, disposer d’une maquette numérique nécessite d’abord pour le maître d’ouvrage de définir clairement ses objectifs  dans un cahier des charges. Comme en témoigne Cécile Jolas, chef de projet ingénierie chez Tipee, AMO BIM dans le projet: « Nous avons commencé par réfléchir sur les outils et sur la nécessaire interopérabilité entre les logiciels. Puis, nous avons adopté une démarche plus pragmatique : partir du programme pour le traduire en un processus BIM. Un fonctionnement qui peut maintenant être dupliqué sur d’autres opérations. »

La nécessaire convention BIM

Autre étape clé en amont du projet : rédiger une convention BIM. « Ce document indique l'organisation et les moyens mis en œuvre afin de produire des livrables utiles au projet conformément au cahier des charges », commence Jean-Paul Trehen, architecte et directeur du BIM chez Egis. « Les bases de données associées aux modèles facilitent la réalisation de calculs et ratios divers. Il est facile de se disperser en travaux inutiles », rappelle-t-il. A l’inverse, le maître d’ouvrage s’est étonné de ne pas disposer en phase d’avant-projet détaillé (APD) d’un tableau avec les surfaces par appartement. Or, ces documents n’avaient simplement pas été demandés.

Autre point important du travail en BIM, la rigueur et la précision du nommage. « Si les portes sont identifiées sous des termes différents, tels que door, portes, Porte, ou P93, l’ordinateur ne  saura pas traiter ces informations et les identifier », rappelle Yannick Cotherel, responsable des activités BIM chez Cerqual. Il est donc nécessaire de choisir une nomenclature et de la respecter rigoureusement tout au long du projet. Plusieurs standards de références existent à travers le monde. « Mediaconstruct travaille actuellement à la mise au point d’un référentiel en français adapté aux spécificités de l’Hexagone », a-t-il indiqué. Cette précision dans les termes est également indispensable pour le bureau de contrôle qui « s’en sert pour en extraire des côtes, des coupes, des cahiers des clauses techniques particulières (CCTP),  etc. » rappelle Claire Doutreluingne, de la direction technique et organisation de l’Apave.

A suivre : l’atelier BIM virtuel +

Les travaux de l’atelier vont se poursuivre dans un « Atelier BIM virtuel + », dont les financements par le PTNB ont déjà été votés. Il s’agira cette fois "d'aller + loin" et de voir en particulier comment l’utilisation de la 4D associant maquette 3D, phasage des opérations et planning sert à optimiser le chantier. Autre volet important de l’ABV+, la prise en compte le bilan carbone des bâtiments grâce au BIM utilisé pour réaliser l’analyse du cycle de vie (AVC) du bâtiment.

Les résultats des travaux de l’atelier BIM virtuel sont déjà à la disposition des certains établissements d’enseignements. Le compte-rendu et les présentations de la réunion de conclusion seront mis en ligne sur le site du PTNB d’ici la mi-mai. Le rapport complet devrait être disponible fin mai, toujours sur le site du PTNB.

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