Record de sinistralité en vue pour les maisons individuelles

Déficit de pluviométrie et fortes chaleurs augmentent le risque de retrait-gonflement des argiles, auquel les maisons individuelles sont particulièrement exposées. De nouvelles régions, relativement épargnées jusque là, pourraient être touchées cette année. 

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Maison construite sur un terrain argileux
Le phénomène de retrait-gonflement des argiles entraine des mouvements des fondations, dommageables pour les structures.

2022 a déjà battu des records de chaleur et de sécheresse. Elle pourrait aussi être l’année du record de la sinistralité pour les maisons individuelles installées dans des zones d’argiles gonflantes. Comme le rappelle le site Géorisques, 48 % du territoire se trouve en zone moyennement ou fortement exposée au phénomène de retrait-gonflement des argiles (RGA). « Si la présence d’argile est clairement identifiée, la nouveauté est que la sécheresse touche des régions jusque-là relativement épargnées comme l’est et la moitié nord du pays », constate déjà Sébastien Gourdier, responsable de l’unité Risques et instabilité gravitaire au sein de la Direction risques et prévention du BRGM.

« Nous avons connu un hiver et un printemps secs, suivis d’un été marqué par déjà trois canicules et une très faible pluviométrie. Les conditions sont donc propices à l’asséchement des sols et aux dommages sur les constructions, en particulier pour les maisons individuelles », détaille-t-il.

Douze sécheresses record depuis 1982

Le bilan des catastrophes naturelles en France sur la période 1982-2021 édité par la Caisse centrale de réassurance (CCR) témoigne lui aussi d’une forte probabilité de sinistralité cette année. Le « top 20 » des événements les plus coûteux compte une majorité de sécheresses, douze exactement, dont la plus onéreuse en termes de dommages assurés reste celle de 2003, qui a atteint les 1,94 milliard d’euros. Seule l’ouragan Irma en 2017 a coûté plus cher avec 2,22 milliards d’euros.

Le printemps 2011, référence du manque de pluviométrie

Plus inquiétant, dans ce même document, la CCR s’est livré à des exercices de prospective pour imaginer les conditions et les conséquences de phénomènes climatiques extrêmes. Parmi eux, les auteurs ont envisagé la possibilité d’une sécheresse particulièrement longue et intense en se basant sur la situation en France en 2011 : le printemps a été le plus chaud depuis 1900 avec des températures moyennes mesurées supérieures de 2,5 °C par rapport à la normale de 1971-2000. En 2003, les températures printanières n’étaient supérieures aux moyennes que de 1,8 °C.  En 2011, les mois de mars, avril et mai ont été les plus secs depuis 1959 avec des précipitations qui n’ont représenté que 46 % du cumul moyen sur la période de référence. Heureusement, cette année-là, les mois de juin et juillet ont fini par être pluvieux, frais et orageux.

Dans son scénario, la CCR a donc envisagé un été qui reste déficitaire en pluie sur la quasi-totalité du pays, ce qui rappelle bien la situation actuelle. Dans ce cas, près de 65 % du territoire serait éligible à une reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle, soit 27500 communes. Et les dommages assurés représenteraient entre 2,3 et 2,8 milliards d’euros !

La présence d'argile ne rend pas les terrains inconstructibles 

Le bilan complet des sinistres dû au retrait-gonflement des argiles sera connu en début d’année prochaine. Comme le rappelle Sébastien Gourdier, « au-delà des chiffres, il s’agit bien de drames humains, d’autant plus regrettables qu’ils pourraient être évités ». De nombreux travaux ont en effet démontré que la présence d’argiles gonflantes ne rend pas les terrains non constructibles pour autant. Il est nécessaire de connaître la nature du sous-sol pour y adapter la construction et ses fondations. C’est d’ailleurs l’objet de la loi Elan dans son arrêté du 22 juillet 2020

« Avec le changement climatique dû à nos émissions rapides de gaz à effet de serre, les spécialistes du Giec annoncent que des années comme 2003 ou 2022 se reproduiront beaucoup plus fréquemment. Leur période de retour pourrait être inférieure à 10 ans », rappelle le spécialiste du BRGM. La prévention des risques et l’adaptation au réchauffement ne sont plus seulement indispensables, elles sont aussi urgentes.

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