Chaque année depuis 2006, le Grand prix national de l’ingénierie (GPNI) récompense une équipe ou un produit remarquable dans les domaines de l’industrie ou de la construction.
Pour cette quinzième édition, c’est le projet de transformation de la gare Saint-Michel Notre-Dame à Paris porté par Arep qui remporte le trophée.
Située dans l’hypercentre de la capitale, cette infrastructure creusée en 1898 sous un quai existant est pratiquement invisible depuis l’extérieur. Elle constitue pourtant un maillon essentiel des transports en Ile-de-France, puisque ce hub d’interconnexion entre les lignes de RER C et B et de la ligne 4 du métro accueille 32 millions de passagers chaque année. En terme de fréquentation, Saint-Michel Notre-Dame est ainsi la huitième gare de France.
Des caissons vitrés qui résistent aux crues en cas de besoin
Le projet d’Arep vise à offrir à cet équipement un écrin plus conforme à son importance. "Nous avons amélioré la lecture de l’espace en repensant l’apport de la lumière extérieure par la façade nord donnant sur les quais de Seine", note Michelle-Ange Maurice, cheffe de projet chez Arep. Et pour désaturer le parcours voyageurs, un nouveau couloir de correspondance avec le métro sera créé. Pour ouvrir les quais du RER sur la ville, Arep a imaginé des caissons vitrés qui seront disposés le long des 28 arches que compte la gare Saint-Michel.
Huit d’entre elles seront équipées de baies fixes formées d’un vitrage incliné et de deux autres latéraux, composant un prisme triangulaire ouvert en partie haute. Ce dispositif apparaît comme l’innovation majeure du projet : ils permettent de gérer l’ensemble des problématiques d’une station de RER à savoir le bruit, la pollution et la qualité de l’air à l’intérieur de la gare. Les éléments vitrés constituent des écrans absorbants dont les efforts ont été calculés pour résister à la pression de l’eau en cas de crue. La filiale de SNCF Gares & Connexions table sur la période 2022-2023 pour la réalisation de son projet, actuellement en phase d’appel d’offres.
Détection précoce de l’incendie
Par ailleurs, le jury a également récompensé la société Ekium pour son système hybride intégral anti-incendie. Le dispositif d’extinction du feu à action précoce a reçu le prix « Industrie et conseil en technologie ». Cette solution analyse l’air en permanence afin de détecter au plus tôt la présence d’un feu ou de gaz explosifs. En cas d’incendie, l’air ambiant est aspiré puis analysé automatiquement. En fonction des seuils d’action préréglés, le dispositif déclenche automatiquement un brouillard d’eau. Différentes architectures de réseaux sont possibles avec différents types de pulvérisateurs également.
Une toiture concave qui accueille une centrale photovoltaïque
Enfin, le prix « Construction/aménagement » a été décerné à SBP, Inex et Bouygues Bâtiment Ile-de-France pour leur conception de la toiture du futur centre aquatique de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Le projet, dont le permis de construire a été suspendu fin septembre, prévoit une toiture en structure bois de 89 m de portée recouverte d’une centrale photovoltaïque. Le premier défi technique a été de concevoir une structure bois de quasiment 100 X 100 m de portée sans appui intermédiaire. Par ailleurs, sa forme concave limite le volume de la halle à chauffer et limite donc les consommations énergétiques de l’ouvrage. L’ensemble a réalisé des calculs et des modélisations très sensibles afin d’organiser la mise en œuvre structurelle de l’ensemble.
Pour départager les dossiers, les membres du jury s’appuient sur quatre critères principaux : l’inventivité ou l’innovation déployée, la pluridisciplinarité de l’équipe, l’apport spécifique de l’ingénierie au projet et l’intégration des composantes du développement durable.