L'érosion d'une des côtes les plus sauvages de l'hexagone, observée depuis deux siècles, n'est pas linéaire du nord au sud : entre la pointe de Grave et l'embouchure de l'Adour, certaines dunes et plages régressent rapidement, tandis que d'autres sont en accrétion. Mais, à raison d'un à deux mètres par an, le recul est avéré et va s'accélérant. Reprenant l'objet de ses travaux de thèse publiés en 2000 (1), la géographe Christine Clus-Auby pose les questions que cette avancée de la mer soulève, dans un deuxième ouvrage : « La gestion de l'érosion des côtes : l'exemple aquitain »(2).
Si le phénomène est inéluctable, acceptera-t-on la disparition, d'ici à la fin du siècle, de bandes de terrain de 100 ou 200 m de profondeur, avec les bâtiments qu'elles supportent ? Doit-on défendre à tout prix le front de mer ? L'auteur prône, plutôt que la « résistance » à l'érosion, des « comportements d'adaptation » : recul accompagné de la dune non bâtie et inconstructibilité totale des zones menacées, solutions techniques douces, définition des critères de défense des sites jugés indispensables et encadrement de la fréquentation touristique. Quelques-uns sont déjà expérimentés en Aquitaine. L'originalité de cette région réside dans le fait que l'Etat y a acquis, dès les années 60, une grande partie du littoral et pratiqué une gestion centralisée qui a permis d'éviter le « bétonnage ». Mettant le doigt sur quelques contre-exemples, Christine Clus-Auby invite les acteurs de l'aménagement du littoral à accroître leur concertation.
(1) « La gestion de l'érosion du littoral dunaire aquitain », Université Bordeaux III.
(2) Ed. PUF Bordeaux, 2003.
