Après les séismes en Nouvelle-Zélande et au Japon : quelles règles parasismiques en France ?

Février : un séisme de magnitude 6,3 sur l'échelle de Richter à Christchurch en Nouvelle-Zélande fait des centaines de morts. Mars : séisme de 8,9 au Japon suivi d'un tsunami pour un bilan certainement beaucoup plus lourd... En France, si des séismes d'une telle magnitude sont peu probables, une nouvelle réglementation sur les règles parasismiques doit entrer en vigueur en mai 2011.  

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Port d'Hachinohe, Japon. Après le séisme d'une magnitude de 8,9 sur l'échelle de Richter, un tsunami et des vagues pouvant atteindre dix mètres de hauteur ont déferlé sur le rivage arrachant tout sur leur passage.

On ne connaît pas encore le bilan des destructions des bâtiments au Japon. Mais le règlement parasismique japonais mis en œuvre devrait sans aucun doute limiter les effets du séisme de force 8,9. « Quand on monte d'un degré dans l'échelle de Richter, on multiplie par 30 l'énergie dégagée par le séisme, explique Victor Davidovici, consultant parasismique de la société Dynamique Concept. Toutefois, il ne faut pas s'attacher uniquement à la magnitude, car c'est la profondeur du séisme qui provoquera sa force ». Selon lui, la résistance des bâtiments dépend du respect des règlements actuels mis en œuvre. Et ceux-ci, qu'ils soient Japonais, Californien ou Européens, à peu près identiques, prennent en compte suffisamment les risques pour qu'ils évitent, s'ils sont appliqués, l'effondrement des bâtiments. « La construction parasismique, c'est la prévention, souligne Victor Davidovici. La règle d'or pour réussir cette prévention repose sur le triangle : architecte, ingénieur et entreprise. Quelle que soit la violence du séisme, si les constructions sont de qualité et réalisées dans les règles actuelles, il n'y a pas de raisons pour assister à des effondrements en chaîne ».

Eurocode 8

En France, une nouvelle réglementation parasismique sera applicable aux bâtiments dont le permis de construire sera déposé à partir du 1er mai 2011. A partir de cette date, l'Eurocode 8 « Conception et dimensionnement des structures pour leur résistance aux séismes » s'imposera comme règle de construction parasismique de référence pour les bâtiments neufs dits à risque normal.

Outre un nouveau zonage du territoire qui permet d'être en accord avec les principes de dimensionnement de l'Eurocode 8 et une nouvelle classification des bâtiments*, ces nouvelles règles auront bien sûr des incidences sur la conception desdits bâtiments, leur implantation et leur mise en œuvre. Ainsi en ce qui concerne l'implantation, la réalisation d'une étude géotechnique s'impose. L'objectif étant de connaître les caractéristiques du terrain afin de caractériser les éventuelles amplifications du mouvement sismique éventuel. Le bâtiment doit également être protégé des risques d'éboulements et de glissements de terrain provoqués par le séisme. La consultation du plan de prévention des risques (PPR) sismique de la commune apporte des informations sur ce plan. Dans tous les cas, il convient de s'éloigner des bords de falaise, des pieds de crête ou des pentes instables. A prendre en compte également, le risque de liquéfaction du sol c'est-à-dire sa perte de capacité portante. Ainsi des bâtiments « souples élancés » seront davantage adaptés à un sol dur type roche, alors que les bâtiments « rigides massifs » auront un meilleur comportement sur des sols mous.

Principes de conception

Du côté de la conception, quatre principes sont à appliquer. En premier lieu, une préférence pour les formes simples en privilégiant la compacité du bâtiment, en limitant les décrochements en plan ou en élévation et en fractionnant l'ouvrage en blocs homogènes par des joints parasismiques continus. Deuxième principe, limiter les effets de torsion. Il s'agit de distribuer les masses et les raideurs (murs, poteaux, voiles...) de façon équilibrée. Troisième règle : assurer la reprise des efforts sismiques en assurant le contreventement horizontal et vertical de la structure, en superposant les éléments de contreventement et en créant des diaphragmes rigides à tous les niveaux. Enfin, toujours bon à rappeler, l'application des règles de construction. La mise en œuvre a, elle aussi, toute son importance et les entreprises, de la plus grande à la plus petite, doivent être sensibilisées à ces questions et assurer un suivi rigoureux de chantier. Les éléments de connexion, leur assemblage, leur recouvrement, leur continuité doivent faire l'objet d'une attention particulière et garantir la tenue mécanique de l'ouvrage. Et, quels que soient les matériaux utilisés pour le montage de la structure (béton, bloc à maçonner, métal, bois), il est nécessaire d'utiliser des produits et systèmes normés et de qualité.

Contreventement

En toute logique, les ouvrages liés à l'isolation des parois, aux cloisonnements, les planchers et plafonds techniques ou encore les équipements techniques sont, comme le gros œuvre, exposés au risque. Pourtant pendant longtemps, ces parties de la construction, jugées comme secondaires, n'ont pas été prises en compte. Ce ne sera plus le cas car l'Eurocode 8 s'intéresse à tous les aspects de la construction. L'objectif étant d'éviter les chutes, le renversement, d'assurer l'intégrité des fonctions de sécurité en évitant le grippage, les déformations ou encore les pertes d'étanchéité ou les ruptures dues à des déplacements différentiels entre les différentes parties des équipements. Par exemple, la conception des plafonds suspendus doit être étudiée de telle sorte que leur stabilité reste assurée dans l'hypothèse d'un déplacement par rapport au gros œuvre. L'expérience a montré que les chutes, tout en provoquant des blessures, entravent l'évacuation des locaux. Pour assurer la tenue de ces éléments, une seule solution : le contreventement. Cette règle est valable pour les plafonds, les cloisons, les planchers techniques, les gaines de ventilation, mais aussi pour les chemins de câbles ou les luminaires. Autre élément sensible de la construction, les vitrages. L'utilisation du verre courant (verre recuit) ne convient pas pour les zones de passage et les baies sur rue sans protection (balcons, loggias, etc.). Le verre Securit, feuilleté, organique ou simplement muni de film adhésif, évite la destruction sous forme "tranchante". De leur côté, les menuiseries et le système de fixation doivent pouvoir absorber la déformation de la structure et protéger le vitrage par des systèmes découplés et/ou des matériaux résilients.

* Les bâtiments à risque normal sont classés en quatre catégories d'importance croissante : de la catégorie I à faible enjeu à la catégorie IV qui regroupe les structures stratégiques et indispensables à la gestion de crise.

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