S'ils témoignent de vingt ans d’expérience dans la géolocalisation par satellite, les onze collaborateurs de Géoflex ne sont pas encore connus. Une situation qui devrait changer car la jeune pousse française vient de lever six millions d’euros auprès de six partenaires : Stellantis, Demeter, Thales et trois entités du groupe Bouygues : Colas, Bouygues Construction et Bouygues Telecom. « C’est la première fois que nous réalisons un investissement minoritaire avec trois entités du groupe », témoigne Maxime Paghent, associé senior du Corporate Venture Capital de la major.
Pourquoi cette prise de participation ? Les six sociétés ont été séduites par les promesses de Romain Legros, fondateur et directeur général de Géoflex : « Nous sommes un opérateur de service d’hypergéolocalisation, capable, grâce à la correction du flux de données transmis par les constellations de satellites (GPS américain, Galliléo européen, Glonass russe et Beidou chinois) de positionner n’importe quel objet doté d’un récepteur GNSS avec une précision à 4 cm près ».
Technologie protégée par sept brevets
Pour cela Géoflex utilise une technologie développée par le Centre national d’études spatiales (CNES) pendant plus de douze ans et qui dispose aujourd’hui de sept brevets. Cette solution se base sur la centaine de stations GNSS permanentes de la France réparties partout à travers le globe. « Leurs positions sont connues en permanence et sont transmises par des moyens telecom à des data center, où notre solution intervient, détaille Romain Legros. Notre logiciel permet de modéliser toutes les erreurs associées aux satellites puis de les diffuser vers les applis embarquées de nos utilisateurs. Elles reçoivent le flux de correction et le synchronisent aux mesures issues des récepteurs GNSSembarqués afin d’améliorer la précision de la localisation. »
Formats ouverts uniquement
Parmi les points forts mis en avant par le directeur de Géoflex, les investisseurs retiennent le format interopérable, puisque la start-up diffuse ses corrections dans des formats standardisés par le 3GPP, l’organisme normalisateur de la téléphonie mobile. Les formats ouverts permettent aussi de se démarquer de la plupart des acteurs de ce marché qui utilisent en général des formats propriétaires.
Autre atout de l’interopérabilité, il donne accès à Géoflex au marché du « GNSS augmenté », soit un potentiel estimé à 2635 milliards d’euros pour la période 2019-2019 selon l’Agence spatiale européenne. « Ce marché s’organise entre l’existant (ferroviaire, maritime, agriculture…) et les secteurs émergeants (smartphones, véhicules autonomes…)", précise Romain Legros.
Chantier 4.0
Pour le BTP, ce qui a incité Bouygues à participer au tour de table, « ce sont les enjeux liés à la sécurité des collaborateurs sur les chantiers, reprend Maxime Paghent. L’hypergéolocalisation permet de détecter rapidement un opérateur qui entre dans une zone dangereuse ou de donner l’alarme en cas de corps allongé ou inerte. Nous cherchons également à obtenir une sécurité de fonctionnement pour des engins autonomes sur des chantiers 4.0 pour savoir où se trouve le véhicule par rapport à la position des compagnons. »
La levée de fonds doit permettre à Géoflex de profiter de sa maturité technologique et des bons résultats de ses preuves de concept (POC) pour accélérer sur le développement commercial. « Notre objectif est de vendre des abonnements et de nous établir dans le métier des opérateurs de services », affirme Romain Legros. A court terme, la société prévoit de recruter une cinquantaine de collaborateurs dans les trois prochaines années, ce qui représente déjà un premier défi en terme de transformation de l’entreprise.