A quelques jours (le 16 février) de la remise de son rapport à la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale, la mission d’information sur la conservation et la restauration de Notre-Dame de Paris a souhaité entendre pour la 3e fois depuis son installation en novembre 2019 (*), le général Jean-Louis Georgelin, président de l’établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale.
« Distinguer obstacles et prétextes »
L’ancien chef d’état-major des armées réaffirme sa détermination à accomplir sa mission dans les temps. « Nous sommes tous mobilisés en permanence sur notre objectif. Tout le monde nous regarde, il n’y a pas de raisons pour ne pas y arriver ». Pas même les difficultés d’approvisionnement en matières premières que connaît actuellement le secteur du BTP ?
Si le général indique être « alerté par les entreprises » de ce sujet et « rester vigilant », il affirme toutefois ne pas avoir eu de « remontées précises » et met un point d’honneur à « distinguer obstacles et prétextes ». Car pour les entreprises, Notre-Dame est un chantier très surveillé et compliqué à gérer en raison des délais contraints, de « l'ambiance plomb » ou encore des normes de sécurité, explique-t-il.
Anticiper et planifier
Pour autant, l’homme, qui s’enorgueillit d’avoir bien maîtrisé l’impact du Covid sur le chantier et avoir été « dans les clous pour la phase de sécurisation », ne se décourage pas : « Chaque fois qu’il y a une difficulté, une résistance localisée, il faut la réduire ». Comprenez : pour sécuriser l’approvisionnement, il faut « anticiper et planifier ».
Ainsi, pour les pierres, une étude a été confiée au BRGM en 2020, précise-t-il. Cette étude a permis « d’identifier les ressources nécessaires et différents modes d’achat sont envisagés pour sécuriser nos approvisionnements avec deux cas de figure : l’achat direct par l’établissement public ou l’achat confié, dans la majorité des cas, aux tailleurs de pierre directement ». Sur ce point, la situation est donc bien maîtrisée.
Compléter l'approvisionnement en bois
S’agissant du bois, « la campagne menée il y a un an pour les bois de la flèche et du transept va être complétée par une série de coupes qui doivent avoir lieu avant le printemps pour compléter l’approvisionnement ». Reste à préparer les coupes pour la nef et le cœur. « Chacun y met du sien et ça se passe bien », déclare le général qui salue au passage le mécénat de France Bois Forêt.
Enfin, un accord est en cours de finalisation avec Schneider Electric pour la fourniture et la pose de matériels électriques dans le cadre du redéploiement des réseaux techniques de la cathédrale.
Vaincre les opposants à l'utilisation du plomb
En définitive, l'une des difficultés à venir et qui fera l'objet d’un « soin très attentif » de l’établissement public, c'est « l’opposition de certains acteurs à l’utilisation du plomb pour la couverture de la cathédrale ». Le choix de restaurer l’édifice à l’identique pour la flèche « impose de recourir au plomb pour des raisons patrimoniales et techniques liées à la durabilité, à la malléabilité et au poids de ce matériau. Notre rôle est d’accompagner ce choix afin de nous assurer de la bonne maîtrise du risque environnemental et sanitaire ».