Principale cause d'accident dans les travaux publics, le heurt engin-piéton concerne entre 10 et 20 cas chaque année, selon l'OPPBTP. Pour agir contre ce risque professionnel, un collectif d'entreprises de construction, de loueurs de matériels et d'organisations professionnelles (1) a impulsé en 2022 le projet Stop collision. « Notre objectif est d'inciter les fabricants à intégrer la prévention dès la conception des machines afin qu'ils commercialisent des solutions safe by design », précise Sébastien Marie, responsable du domaine travaux publics à l'OPPBTP. Dans un premier temps, les partenaires se sont accordés sur un cahier des charges précisant les attendus de la profession et ont fait réaliser un état des lieux des systèmes de freinage automatique utilisés dans l'automobile, afin de pouvoir recommander une architecture système des dispositifs viables. Ces données ont ensuite été mises à disposition des industriels.
Enrichir l'offre. Certains sont déjà bien avancés sur le sujet, à l'instar de Kobelco qui a proposé dès 2018 un système d'asservissement sur une pelle commercialisée au Japon, ou encore de Liebherr qui en équipe certaines de ses chargeuses depuis 2021. Mais si un développement de l'offre est encouragé, l'adoption de ces technologies se heurte encore à une forme de frilosité liée au partage des responsabilités en cas de défaillance. Bon à savoir : la directive Machines 2006/42/CE intègre déjà la notion de neutralisation des mouvements d'une machine lors du franchissement d'une barrière immatérielle.
Reste à vérifier la fiabilité de ces systèmes sur le terrain. C'est tout l'enjeu des expérimentations menées ces derniers mois. En septembre dernier, des représentants du collectif ont ainsi assisté à la démonstration d'une excavatrice Hitachi équipée d'usine de la solution anticollision Leica Geosystems. D'autres suivront cette année dont certaines lors des travaux préparatoires du canal Seine-Nord Europe. Le maître d'ouvrage, SCSNE, a en effet accepté que des tests soient réalisés sur ses chantiers. Il prendra même en compte les innovations liées à la prévention de ces risques dans les critères d'attribution des marchés.

(1) Entreprises : Bouygues Construction, Charier, Colas, Eurovia, Eiffage, NGE, Sade, Soletanche-Bachy et Vinci Construction Grands Projets. Loueurs : Kiloutou et Loxam. Organisations : CNATP, DLR, FNTP et OPPBTP.
De la détection du risque à l'arrêt automatique de la machine
Récompensé d'un Innovation Award au salon Intermat en avril dernier, le système de freinage d'urgence Bomag (groupe Fayat) est disponible en option sur les rouleaux tandem articulés de la génération AP-5. S'appuyant sur la technologie Lidar et ses capteurs à 360 °, il analyse en continu l'environnement de l'engin pour détecter tout risque de collision avec un objet ou une personne. Pour évaluer précisément la distance et la vitesse de l'obstacle sur la trajectoire, il tient compte de l'angle de direction de la machine, son mode de conduite (marche en crabe, en avant ou en arrière) et la position de sa manette de commande. Le système va jusqu'à assister le conducteur dans la décélération en déclenchant automatiquement un freinage d'urgence si nécessaire. L'opérateur, qui reste le seul maître du système en le paramétrant depuis son poste de pilotage, a le choix entre trois niveaux d'intensité de freinage.