Avec 17 500 emplois pour près de 13 000 actifs, la deuxième ville du Bas-Rhin (30 000 habitants) dispose d'un argument de poids pour justifier une stratégie visant à accueillir de nouvelles populations.
Pour développer l'attractivité de son centre-ville - un des axes majeurs du contrat quinquennal de ville moyenne signé en juin 1997 avec la région pour un montant de 70 millions de francs -, Haguenau finalisera en 1998 le schéma d'aménagement des abords de la halle aux Houblons et de la Maison des corporations. Au-delà de la rénovation de ces deux témoins de l'architecture de la période de l'Annexion, le schéma redéfinira les flux de circulation : la commune n'a pas encore tranché sur la question de la création d'une zone piétonne et d'une nouvelle offre de stationnement, dans ce quartier commerçant, volontiers fréquenté par la clientèle Strasbourgeoise.
Ces projets s'appuient sur un boom impressionnant de l'immobilier privé, y compris aux abords immédiats de l'hypercentre : pour les seules années 1997 et 1998, Haguenau attend la livraison de 572 logements en collectif (dont 243 d'une et deux pièces). Huit lotisseurs préparent également la construction de près de 200 logements.
Un raccourci sur la route de Karlsruhe. Axe majeur de la politique de renforcement de l'attractivité de la principale ville d'Alsace du nord, le rail (voir encadré) ne suffira pas à répondre à ses besoins en matière de transports. Après la livraison, en 1999, de la deuxième phase du contournement routier en direction de Bitche - un chantier de 200 millions de francs -, la question de l'achèvement du cercle restera entière : la ville envisage de prendre à sa charge 72 % du financement de ce projet de 160 à 200 millions de francs. Elle a entamé des négociations avec le conseil général : « La liaison sud offrirait un raccourci aux automobilistes sur l'axe Paris-Karlsruhe, qui passe aujour-d'hui près de Strasbourg », souligne Jean-Marc Marchetti, secrétaire général de Haguenau.
Mieux desservis dans une ville réaménagée, les Haguenoviens du XXIe siècle disposeront d'un appareil de formation complet et flambant neuf : « Nous avons inauguré en novembre dernier notre quatrième école en huit ans », annonce le maire Pierre Strasser. Aux efforts de la commune pour développer des groupes scolaires de proximité - le programme municipal des prochaines années prévoit trois nouvelles écoles maternelles -, s'ajoutent les investissements de la région : l'aménagement du Centre de formation d'apprentis des métiers de bouche contribuera, d'ici à 1999, à boucler la réhabilitation des anciennes casernes des Dominicains.
Intercommunalité : le maillon faible. Le projet d'IUT témoigne de la volonté conjointe de la ville et de la région d'étendre le rayonnement de la sous-préfecture à l'ensemble de l'Alsace du nord : une ambition que traduit également la future médiathèque, dont la ville espère la livraison en 2001, après la réhabilitation, pour 25,7 millions, de l'ancien hôpital militaire et bourgeois. La « médiathèque de territoire » - première étape de la reconversion des emprises de l'ancien hôpital - vise les 11 500 élèves qui fréquentent les établissements d'enseignement haguenoviens, dont 5 000 n'habitent pas dans la ville.
Cette ambition trahit le seul point faible de la sous-préfecture bas-rhinoise dans sa stratégie de développement : l'intercommunalité, réduite à une multitude de syndicats intercommunaux à vocation unique.
La future station d'épuration, qui mobilisera 60 à 70 millions de francs d'ici à 2001 pour une capacité de 65 000 équivalent habitants, restera par exemple dans le giron communal. « Nous disposons de peu de terrains mais de moyens importants. D'autres communes se trouvent dans la situation inverse », déplore Pierre Strasser, président, jusqu'en septembre1997, de l'Association pour le développement de l'Alsace du nord.
Ce constat n'a pas encore suffi à rassembler les élus locaux.
PHOTOS : L'ancienne prison doit accueillir le deuxième département d'IUT (12,4 millions de francs).
La Halle aux Houblons (photo ci-dessus) et la Maison des Corporations (ci-contre) seront rénovées. Un schéma d'aménagement des abords est en cours d'élaboration.